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Lexikos

versão On-line ISSN 2224-0039
versão impressa ISSN 1684-4904

Lexikos vol.32  Stellenbosch  2022

http://dx.doi.org/10.5788/32-1-1680 

ARTICLES

 

Les débuts de la lexicographie multilingue roumaine: ressorts pragmatiques et influences culturelles

 

The Beginnings of Romanian Multilingual Lexicography: Pragmatic Sources and Cultural Influences

 

 

Mihaela Mocanu

Institut de Recherche Interdisciplinaire, L'Université "Alexandru loan Cuza"de lasi, Roumanie (mocanu.mihaela@uaic.ro)

 

 


RÉSUMÉ

Les débuts de la lexicographie multilingue roumaine sont étroitement liés à la parution sur le territoire des Principautés des premiers textes ecclésiastiques traduits de la langue slavonne. Les premiers dictionnaires répondent à des besoins d'ordre pratique, étant conçus comme des annexes à la littérature religieuse, slavonne ou traduite, qui circulait. L'étude réalise une radiographie des premiers projets lexicographiques roumains, avec l'identification des prototypes que ceux-ci enregistrent et la description des ressorts d'ordre pragmatique qui sont à la base des initiatives lexicographiques. Malheureusement, beaucoup de ces travaux n'ont pas été conservés, et d'autres n'ont été préservés que de manière fragmentaire, étant identifiés dans des bibliothèques privées. Dans ces conditions, pour reconstruire la lexicographie roumaine de cette période, nous avons fait appel à deux catégories de sources: les notations et les témoignages des auteurs des premiers projets lexicographiques, respectivement les études faisant référence à la lexicographie du roumain ancien. Comme ils n'avaient pas à la base la conception rigoureuse, scientifique, d'une école lexicographique, les premiers dictionnaires roumains sont l'expression de l'initiative des érudits, reflétant tant leur vision sur le rôle de tels instruments lexicographiques, comme le degré de développement de la langue roumaine à l'époque.

Mots-clés: LEXICOGRAPHIE ROUMAINE, LES XVIe-XVIIe SIECLES, DICTIONNAIRES MULTILINGUES, TERMINOLOGIE, INFLUENCES CULTURELLES, RESSORTS PRAGMATIQUES


ABSTRACT

The beginnings of Romanian multilingual lexicography are deeply rooted in the first religious texts translated from Slavonic on the territory of the Romanian Principalities. The first dictionaries were aimed at fulfilling practical needs, being conceived as annexes to Slavonic or translated religious literature circulating at the time on the Romanian territory. This study provides an analysis of the first Romanian lexicographic projects, identifying their prototypes and describing the pragmatic background that these lexicographic initiatives were based on. Many of these works have sadly been lost, while others have been just partially preserved in private libraries. In these conditions, for the reconstruction of the Romanian lexicography belonging to that specific period, we resorted to two categories of sources: the notations and testimonies of the authors of the first lexicographic projects, and studies on the old Romanian lexicography. As they were not based on the rigorous scientific conception of a proper lexicographie school, the first Romanian dictionaries reflect the initiative of some scholars, revealing both their perspective on the role of such lexicographic tools and the stage of development of the Romanian language at the time.

Keywords: Romanian lexicography, 16th-17th centuries, multilingual DICTIONARIES, TERMINOLOGY, CULTURAL INFLUENCES, PRAGMATIC SOURCES


 

 

1. Introduction

L'église a joué sans doute un rôle essentiel dans l'apparition et le développement de la lexicographie européenne: en Europe occidentale médiévale, où la langue des érudits et du clergé était le latin, le besoin d'évangélisation a déterminé les missionnaires à créer des listes de correspondances (la langue latine - la langue vulgaire). Ainsi, les cheurcheurs sont d'avis que:

«in many of the languages of Europe, the origins of lexicography can be traced back to interlinear glosses in medieval manuscripts. Monks noted the vernacular equivalents of unfamiliar Latin Words on the manuscript as an aid to understanding the text» (Brown 2006).

[dans beaucoup de langues d'Europe, les origines de la lexicographie peuvent être tracées jusqu'aux gloses interlinéaires des manuscrits médiévaux. Les moines notaient les équivalences vernaculaires des mots latins moins familiers sur le manuscrit pour aider à comprendre le texte].

Ces glossaires contenaient d'habitude des termes usuels, nécessaires à parcourir les textes bibliques et liturgiques et servaient aux gens des églises et aux traducteurs, assurant la fidélité de ceux-ci par rapport à la lettre du texte religieux, considéré saint.

Considérée comme étant l'époque d'or de la lexicographie multilingue, la Renaissance a marqué la relance de l'étude des langues hébraïques, syriennes et grecques. L'admiration vers les valeurs de l'Antiquité a remis à l'attention la langue grecque qui devenait ainsi égale à la langue latine. D'autre part, le développement des relations internationales et l'intensification des mobilités a rendu nécessaire l'élaboration des manuels et des dictionnaires qui facilitent la compréhension des langues étrangères. Le latin, qui continuait à être le moyen privilégié de communication des érudits et des savants, constituait la langue source pour la plupart des travaux lexicographiques réalisés dans cette période. L'émancipation de la lexicographie de sous la tutelle du latin se produira vers la fin du Moyen Âge, surtout dans la période de la Renaissance, quand les lexicographes et les typographes qui se dédiaient à la traduction commencent à créer des dictionnaires bilingues et multilingues, dans lesquels le français et l'anglais prenaient la place du latin des travaux antérieurs (Delisle et Woodsworth 1995).

À partir du XVIIe siècle, l'augmentation de l'intérêt pour les langues étrangères, par des raisons politiques, commerciales, didactiques ou d'autre nature, a conduit à l'augmentation du nombre de travaux lexicographiques.

L'anglais et le français deviennent des langues de base pour un nombre varié de combinaisons, étant concurrencées par l'espagnol et le néerlandais. Surnommé le siècle des encyclopédistes, le XVIIIe siècle n'est pas étranger à la pratique de l'inventaire des langues, de sorte que le nombre des dictionnaires polyglottes et de ceux bilingues est en continuelle augmentation. Les langues européennes - l'allemand, l'anglais, l'italien, l'espagnol, le néerlandais, continuent à se rapporter au français dans les dictionnaires bilingues. Le XIXe siècle marque un phénomène intéressant de point de vue lexicographique: comme suite à l'importance accordée par les linguistes à la langue sanscrite, on assiste à une multiplication des dictionnaires dans les langues assyrienne et perse. Même si des langues mortes, le latin et le vieux grec apparaissent eux aussi dans des travaux de lexicographie, en combinaison avec les principales langues européennes. Parallèlement, les dictionnaires dédiés aux langues «vivantes» continuent à se développer de plus en plus. L'intensification des échanges internationaux dans le XXe siècle a conduit au développement des activités lexicographiques. Après la première guerre mondiale, le français, dominant dans les relations diplomatiques occidentales, commence à partager le monopole avec l'anglais.

Si au début le support matériel pour créer des dictionnaires était représenté par la table en argile, le papyrus, le parchemin, avec l'apparition de l'imprimerie, en 1450, la lexicographie européenne entre sur des nouvelles coordonnées. L'édition et la diffusion des ouvrages de lexicographie augmente d'une année à l'autre, étant dictées par les besoins d'ordre pratique du monde européenne. À l'époque moderne, le développement de la lexicographie informatisée a ouvert de nouvelles possibilités: elle a fait possible non seulement la digitalisation des travaux lexicographiques et la création de nouveaux dictionnaires à l'aide des instruments informatiques, mais a aussi permis la réalisation des banques de données lexicales (qui ont la capacité de stocker un très grand nombre de mots), à base desquelles sont réalisés des dictionnaires multilingues par des moyens exclusivement informatiques. D'autre part, l'intensification du phénomène de la migration a imposé aux pays européens l'identification des solutions concrètes pour garantir la communication interlinguale. Tous ces facteurs, sur le fond de la globalisation accentuée, de la mondialisation des relations politiques, économiques, scientifiques et culturelles, ont conduit au développement d'une manière accélérée de la lexicographie polyglotte, au niveau européen.

Ce travail comprend une présentation critique des premiers dictionnaires polyglottes parus dans l'espace roumain, à partir de la fin du XVIIe siècle et jusqu'au début du XIXe siècle, quand le premier dictionnaire roumain a caractère explicatif, étymologique et polyglotte est édité. Dans les conditions où beaucoup de ces premiers travaux lexicographiques n'ont pas été conservés, et d'autres n'ont été préservés que partiellement, la démarche de reconstitution de la période mentionnée s'appuie sur une série de sources indirectes. Ainsi, pour la présentation des premiers projets lexicographiques nous avons fait appel, d'une part, aux notations des initiateurs de ces projets et aux témoignages des contemporains et, d'autre part, aux études de spécialité dédiées à la lexicographie roumaine ancienne.

 

2. Bref historique de la lexicographie roumaine

Une perspective diachronique sur la lexicographie roumaine indique trois stades d'évolution: (i) l'époque ancienne (du XVIe siècle jusqu'en 1824); (ii) l'époque moderne (1825-1880) et (iii) l'époque postmoderne (de 1881-jusqu'à présent). La première étape se caractérise par la prépondérance des dictionnaires bilingues et plurilingues:

«Caracterul exclusiv bilingv si plurilingv pe care îl are, pâna în secolul al XIX-lea, lexicografia româneasca este determinat (...) de rolul prin excelenjä practic îndeplinit de aceasta» [Le caractère exclusivement bilingue et plurilingue que la lexicographie roumaine a, jusqu'au XIXe siècle, est déterminé (...) par le rôle par excellence pratique accompli par celle-ci] (Seche 1966: 181).

La deuxième étape est sous le signe des versions intermédiaires du Dictionnaire de Buda, considéré comme le premier dictionnaire explicatif et étymologique de la langue roumaine. La troisième étape se caractérise par la parution des dictionnaires terminologiques multilingues, sur le fond du développement progressif des sciences et de la technique, comme réalisation pratique des résultats que la discipline de la terminologie, nouvellement créée (les années '40-50 du XXe siècle) obtient.

La parution des premiers ouvrages lexicographiques au XVIe siècle, desquels on a conservé deux fragments de vocabulaire slave-roumain, est étroitement liée à la circulation des nouveaux textes religieux traduits de la langue slavonne. Les premiers projets lexicographiques répondent à des besoins d'ordre pratique, étant conçus comme des annexes à la littérature religieuse, slavonne ou traduite, qui circulait en Valachie. De la première moitié du XVIIe siècle on a conservé, partiellement, Vocabular biblic sârbesc-românesc [Vocabulaire biblique serbe-roumain], dont la rédaction est située par les lexicographes autour de l'année 1630, et, de manière intégrale, Lexiconul slavo-românesc al lui Macarie Cozianul [Le dictionnaire slave-roumain de Macarie Cozianul] daté de 1649. La lexicographie roumaine du XVIIe siècle est, en totalité, d'origine valaque. L'augmentation du nombre des dictionnaires est déterminée par la multiplication des traductions du slavon, la source de ceux-ci étant Lexiconul slavo-rusesc §i tâlcuirea numelor [Le dictionnaire slave-russe et l'explication des noms] imprimé en 1627 par le hiéromoine russe Pamvo Berînda. À partir de ce matériel, les auteurs roumains ajoutent ou éliminent des unités de l'inventaire lexical original, en fonction des besoins pratiques. Parmi les glossaires créés de cette manière on peut distinguer, de point de vue de l'originalité, deux travaux: Lexiconul pästrat în Codicele Sturdzan [Le dictionnaire conservé dans le Manuscrit Sturdzan] (environ 1660-1670) et Lexiconul lui Mihai [Le dictionnaire de Mihai] (1672), qui comprennent des inventaires lexicaux extrêmement riches (plus de 8000 mots-titre), avec beaucoup de nouvelles entrées par rapport au travail de Pamvo Berînda (Seche 1966: 7-33). Les dictionnaires roumains inspirés par le dictionnaire de Pamvo Berynda constituent la matière principale de la lexicographie roumaine du XVIIe siècle; il faut y ajouter cinq autres dictionnaires bilingues, deux avec le latin, deux avec l'italien et un avec le grec" (Gînsac et Ungureanu 2018: 849).

La démarche de reconstitution de la lexicographie roumaine ancienne s'avère être extrêmement difficile dans les conditions où la plupart des ouvrages ont disparu ou n'ont été conservés que de manière fragmentaire. Ainsi, certains projets lexicographiques nous sont connus par les adnotations des auteurs ou à partir des témoignages des contemporains, et pour d'autres ouvrages on peut se faire une image à l'aide des fragments découverts dans des bibliothèques privées. Ainsi, en ce qui concerne certains travaux, nous pouvons nous en faire une image à l'aide des fragments découverts dans les bibliothèques privées, alors que d'autres initiatives lexicographiques nous sont connues grâce aux notations des auteurs ou des témoignages des contemporains. Une contribution importante à l'histoire de la lexicographie polyglotte roumaine dans son époque de début appartient à Mircea Seche, qui identifie trois grandes étapes dans l'évolution de la lexicographie roumaine multilingue (1687-1825; 1826-1880; 1880-1969), délimitées par rapport à trois moments de référence pour le développement du domaine lexicographique roumain: la parution du premier dictionnaire multilingue - Dic}ionar latin-român-maghiar [Dictionnaire latin-roumain-hongrois] (1687-1701); l'édition du premier dictionnaire explicatif, étymologique, polyglotte - Lesicon romanescu-latinescu-ungurescu-nem}escu [Dictionnaire roumain-latin-hongrois-allemand] (1825); le changement du contexte technique et scientifique international, qui a conduit à la parution des dictionnaires terminologiques pluri-lingues ayant le roumain dans leur composition (Seche 1966: 7-33).

L'analyse de la lexicographie multilingue roumaine relève l'existence de deux prototypes: d'une part, la tradition polyglotte, spécifique pour les XViiie et XIXe siècles, et, d'autre part le développement dans l'époque moderne des dictionnaires terminologiques et des vocabulaires techniques correspondant à certains domaines de spécialité (Pricop et al. 2017: 159-165). Le premier dictionnaire polyglotte enregistré dans l'espace roumain est un dictionnaire dans les langues latine, roumaine et hongroise, qui date de 1687-1701. Après la parution de celui-ci il suit une période de plus de moitié de siècle de «silence». Pendant les dernières décennies du XViiie siècle on enregistre trois directions de développement de la lexicographie multilingue: des listes multilingues de plantes (la première en 1783), des vocabulaires (manuscrits) dans les langues roumaine, grecque, française, allemande et russe, respectivement des dictionnaires polyglottes réalisés par les représentants de l'Ecole d'Ardeal. L'intérêt pour l'élaboration d'un dictionnaire général de la langue roumaine accroît, mais, vu que pendant cette période la facilitation de la communication entre les différentes ethnies du territoire des Pays Roumains devient impérative, la réalisation de cet objectif reste en plan second, faisant circuler, en échange, les dictionnaires en plusieurs langues.

 

3. Les facteurs historiques et culturels qui ont favorisé l'apparition de la lexicographie roumaine

Partant de la prémisse que le dictionnaire est un miroir où l'utilisateur reconnaît tant des données de l'histoire de la langue, comme des données concernant l'histoire de la culture (Guérard 2015), les premiers projets lexicographiques roumains portent l'empreinte du contexte extralinguistique qui les ont générés. Ainsi, une digression sur les débuts de la lexicographie roumaine ouvre une vaste perspective sur les influences culturelles et sur les intérêts d'ordre économique, politique et religieux qui ont gouverné l'apparition des premiers projets lexicographiques sur le territoire actuel de la Roumanie.

Les chercheurs pensent que les racines de la lexicographies roumaine apparaissent au XVIe siècle, à l'occasion de la traduction de certaines notions de la langue slavonne dans la langue maternelle, dans le cadre de la lecture des textes slaves, quand on faisait appel aux gloses roumaines, tout comme au moment de la réalisation des traductions d'après de tels textes, quand certains mots et expressions des deux langues étaient traités de sorte que, mis les uns à côté des autres, les mots roumains expriment la notion correspondant aux mots slaves (Strungaru 1966). L'étape suivante, caractérisée par la composition des dictionnaires slave-roumains, marque le détachement et l'emploi indépendant de ces listes de mots, qui ne sont plus perçues comme des annexes à différents textes religieux:

«Aparijia lucrärilor lexicografice române este aproape concomitentä cu aparijia primelor texte bisericeçti traduse din limba slavonä. In aceastä perioadä apar glosarele §i vocabularele bilingve, slavo-române, latino-române ... Nevoile practice, de ordin administrativ, bisericesc §i §colar, apoi afirmarea limbii materne au fäcut ca într-o perioadä datä sä aparä la noi astfel de lucräri» (Kelemen 1962: 89-92).

[La parution des travaux de lexicographie roumains a lieu presque en même temps que la parution des premiers textes religieux traduits de la langue slavonne. À la même époque paraissent aussi les dictionnaires et les vocabulaires bilingues, slave-roumains, latin-roumains ... Des besoins pratiques, d'ordre administratif, religieux et scolaire, ensuite l'affirmation de la langue maternelle ont fait paraître chez nous, dans une période donnée, de tels travaux.]

Les efforts de création de certains travaux lexicographiques doivent être mis en relation avec une série de facteurs historiques et culturels qui ont favorisé l'apparition des projets lexicographiques sur le territoire de notre pays. Ainsi, les premières préoccupations lexicographiques de nos érudits ne constituent pas l'effet de certaines influences lexicographiques étrangères, mais ce sont le résultat de certains besoins d'ordre interne concernant l'éclaircissement de certains mots des textes slaves qui circulaient à l'époque. Dans le contexte où la langue slavonne était complètement différente de la langue des compatriotes, les érudits roumains ont fait appel à des gloses roumaines, marquées en marge du texte slave, à côté des mots et des expressions qui n'étaient pas clairs, dans le but d'expliquer leur sens. L'emploi des gloses roumaines dans le cadre des textes slaves, au XVIe siècle, constitue les premières manifestations lexicographiques de l'espace roumain. La parution des premières gloses roumaines est aussi stimulée par la parution des premières traductions sur le territoire de notre pays.

L'étape suivante de la lexicographie roumaine reste sous le signe de la parution des glossaires slave-roumains, employés de manière indépendante de la circulation d'un certain texte. Etant le résultat de la transcription des gloses roumaines des manuscrits et des textes slaves imprimés sur des listes à part, les glossaires se présentaient sous forme d'inventaires des mots slaves, transcrits avec leur explication en roumain, et rangés sur des colonnes, ayant ainsi l'aspect de certains travaux lexicographiques proprement-dits. L'ordre de l'enregistrement des mots et des expressions reste cependant celui de l'occurrence dans le texte, et non pas l'ordre alphabétique, adopté par la suite par la pratique lexicographique.

La parution de plusieurs dictionnaires slave-roumains qui ont circulé en manuscrits, à la moitié du XVIIe siècle, indique une nouvelle étape dans le développement de la lexicographie roumaine. Parmi ceux-ci, Lexiconul lui Pamvo Berînda [Le dictionnaire de Pamvo Berînda] se distingue par l'inventaire et la clarification du thésaurus des mots slaves religieux, étant une synthèse de la lexicographie slave antérieure. Résultat de l'effort de transposer en langue roumaine différents textes slaves qui circulaient sur le territoire de notre pays, les dictionnaires bilingues slave-roumains rédigés au XVIIe siècle reflètent en même temps l'ambition de la diffusion d'une culture dans la langue maternelle dans l'espace roumain.

La fin du XVIIe siècle marque le début de la lexicographie multilingue roumaine, avec la parution du premier dictionnaire trilingue enregistré dans l'espace roumain: Lexiconul latin-român-maghiar [Le dictionnaire latin-roumain-hongrois], 1687-1701. Le travail paraît sur le fond d'un changement d'ordre culturel: la langue slavonne perd du terrain devant la langue latine, et la langue hongroise commence à avoir une influence sur le terrain de la lexicographie. Les démarches lexicographiques ont acquis ampleur au fur et à mesure que le contexte social et historique obligeait les provinces roumaines à une synchronisation avec l'Occident. Ainsi, le passage des listes courtes de mots à des glossaires et ensuite à des ouvrages lexicographiques fondamentaux, a constitué un processus de durée, qui a culminé avec l'effort de réaliser un dictionnaire général de la langue roumaine, le plus complexe et représentatif de point de vue diachronique, diatopique, diastratique et diaphasique. La réalisation de ce dictionnaire a été parachevée à peine il y a 10 ans, se concrétisant dans le dictionnaire trésor de la langue roumaine, élaboré par l'Académie Roumaine tout au long d'un siècle (1907-2010). Cette précision est pertinente pour motiver la division de la lexicographie roumaine en trois étapes, en fonction de deux moments de référence: la parution du premier dictionnaire général de la langue roumaine (Lexiconul de la Buda [Le dictionnaire de Buda], 1825) et le début de la lexicographie monolingue (les années '70 du XIXe siècle) (Seche 1966, 1969). Les dictionnaire bilingues et plurilingues sont prépondérants, dans une première étape, fait justifié par leur caractère fonctionnel à l'époque: Caracterul exclusiv bilingv §i plurilingv pe care îl are, pâna în secolul al XIX-lea, lexicografia româneasca este determinat (...) de rolul prin excelentä practic îndeplinit de aceasta" [Le caractère exclusivement bilingue et plurilingue que la lexicographie roumaine a, jusqu'au XIXe siècle, est déterminé (...) par le rôle par excellence pratique qu'elle accomplit] (Seche 1966: 181).

 

4. Les premiers projets lexicographiques multilingues

Avec une histoire qui remonte jusqu'au XVIIe siècle, la lexicographie multilingue roumaine se caractérise par l'hétérogénéité, tant en ce qui concerne la sélection et l'établissement des inventaires des entrées, comme par la manière d'organisation du matériel lexicographique. Une perspective diachronique sur la pratique lexicographique roumaine relève des changements concernant les domaines de spécialité pour lesquels les dictionnaires sont élaborés et concernant les manières d'organisation de l'information lexicale.

Vers la fin du XVIIe siècle - le début du XVIIIe siècle, la lexicographie roumaine enregistre un tournant, la place de la langue slavonne étant reprise dans les dictionnaires bilingues et multilingues par le latin, respectivement par une autre langue romane. De même, on enregistre maintenant une augmentation du nombre des dictionnaires, de sorte que, en moins de deux décennies ont atteste six projets lexicographiques: un vocabulaire latin-roumain et un autre roumain-latin, un vocabulaire italien-roumain, un dictionnaire trilingue, latin-roumain-hongrois, un essai de vocabulaire grec-roumain et un glossaire de néologismes. D'autre part, le centre de gravité de la lexicographie roumaine se déplace maintenant de la Valachie vers la Transylvanie qui, pendant presque deux siècles dorénavant, détiendra la première place en ce qui concerne les initiatives lexicographiques de l'espace roumain. En Transylvanie, le contact direct avec le monde occidental se produit soit par la fréquentation de l'école de Blaj par les jeunes scribes, soit par la continuation des études aux collèges de Rome et Vienne, où ceux-ci se familiarisent avec le latin.

«L'Occidentalisation romane se produit ici, tout d'abord, par l'intermédiaire de l'étude du latin comme langue de culture, ce qui satisfait l'orgueil national de l'origine, de l'ancienneté et de la continuité roumaine, mais aussi comme argument dans la lutte d'émancipation socio-politique et spirituelle et d'affirmation comme la quatrième nation, avec des droits civiques égaux dans l'État» (Coman 1999: 7-8).

Le premier dictionnaire trilingue de la lexicographie roumaine est Marsili Lexicon Latinum Walachi Ungaric, identifié dans la bibliothèque du comte italien Luigi Ferdinando Marsigli (Seche 1966). Marsigli avait été ambassadeur à la cour de C. Brîncoveanu, mais il connaissait très bien la Transylvanie, ayant habité ici une période de temps. Selon les spécialistes, l'auteur du vocabulaire que Marsigli a acheté serait un transylvain d'origine allemande et il y a la possibilité que celui-ci ait rédigé le glossaire à la demande du diplomate italien. Le dictionnaire trilingue de Marsigli, connu sous le nom de Lexiconul marsilian [Le dictionnaire de Marsigli], marque le début de l'influence hongroise sur la lexicographie roumaine. L'ouvrage reprend une grande partie de la liste d'entrées du Dictionnaire latin-hongrois, élaboré par Albert Molnár, probablement d'après une édition de 1700 (Seche 1966). L'origine étrangère de l'auteur est reflétée par la transcription à caractères latins des correspondances roumaines et par l'influence de la manière d'écrire en hongrois (ex. szluga, karnacz = cârnati [saucisse]; kovács = covaci «fierar» [forgeron]). Le dictionnaire comprend 2500 entrées, les mots étant choisis au niveau du vocabulaire général. Le dictionnaire réussit à éviter le caractère de glossaire que les dictionnaires bilingues avaient (Tagliavini 1930: 7), mais il présente de nombreuses carences: des omissions des correspondances en roumain et en hongrois, des espaces vides que l'auteur, avec ses connaissances de langue, n'a pas pu compléter.

La période 1704-1780 marque un recul dans le développement de la lexicographie roumaine, au moins de point de vue numérique: on atteste pour cette période deux glossaires slavon-roumains, deux glossaires latin-roumains et deux dictionnaires, de petites dimensions, italo-roumains, ces derniers étant rédigés par des auteurs étrangers. Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle apparaissent les premières initiatives d'élaborer des dictionnaires explicatifs unilingues roumains, restés cependant dans la phase de projet. Ils sont dus aux représentants de l'École d'Ardeal, mouvement d'émancipation politique-sociale des Roumains de Transylvanie dont les représentants donneront, d'ailleurs, au début du siècle suivant, les premiers dictionnaires scientifiques en langue roumaine.

À partir de 1780, le nombre des ouvrages lexicographiques augmente de nouveau. En 1783 paraît le premier glossaire trilingue avec des noms de plantes, rédigé par le professeur sicule Benkö József. Ce glossaire de terminologie spéciale, le deuxième par ordre chronologique après le glossaire bilingue de termes géographiques de Constantin Cantacuzino, marque le début de la lexicographie imprimée. Par rapport aux dictionnaires manuscrits, qui avaient une circulation réduite, et, par conséquent, une influence minimale, les dictionnaires imprimés jouissent d'une circulation accrue, étant valorisés dans la rédaction des travaux lexicographiques ultérieurs. Le glossaire botanique de Benkö József, qui comprend 620 noms de plantes, paraît dans le sommaire d'une revue (Magyar Konyvház, Pozsony, vol. II, 1783, p. 407) (Seche 1966). La transcription des mots roumains a été réalisée avec l'écriture hongroise, et le matériel lexical a été groupé d'après des classes de plantes et non pas d'après le critère alphabétique. Jusque vers la fin du XIXe siècle, les glossaires des noms de plantes restent prépondérants, représentant ainsi une constante de la lexicographie multilingue roumaine de tous les siècles.

Dans la dernière décennie du XVIIIe siècle, dans l'espace roumain paraissent trois dictionnaires polyglottes et trois dictionnaires bilingues. Le premier dictionnaire polyglotte de la série est Dictionarii trium lingvarum germano-latina et daco-romana [Dictionnaire trilingue allemand-latin et roumain], un manuscrit de grandes dimensions, en trois volumes. Le travail appartient au Transylvain Aurelius Antoninus Praedetis Nasody et date de 1792-1793. Il paraît que le manuscrit a été rédigé durant le séjour de l'auteur en Moldavie, fait prouvé par le grand nombre de régionalismes moldaves dans la liste de mots. Les mots-titre en allemand, classés par ordre alphabétique et rédigés à caractères gothiques en italique, sont suivis par plusieurs correspondants en latin, en relation de synonymie et écrits avec des caractères latins. La liste de mots est rangée sur deux colonnes, et le travail ne présente pas un appareil scientifique.

Un autre dictionnaire polyglotte, Dic}ionarul în patru limbi (român-german-francez-latin) [Le dictionnaire en quatre langues (roumain-allemand-français-latin)], appartient à l'habitant de Banat Paul Iorgovici, qui a rédigé Observafiile de limba rumâneasca [Les observations sur la langue roumaine] imprimées en 1799. Malheureusement, le travail d'Iorgovici n'a pas été conservé, et les informations concernant la manière de composition du travail nous sont parvenues de manière indirecte, par l'intermédiaire du travail Observafiile de limba rumâneasca. L'auteur du dictionnaire ouvre la série des lexicographes roumains épurés, se proposant l'impression d'un glossaire spécial, qui comprenne les équivalences latines des mots non-latins de la langue roumaine, dans le but de remplacer les derniers termes avec ceux d'origine latine. Iorgovici visait le remodelage, en sens étymologiste, des mots roumains d'origine latine dont la forme s'éloignait trop de celle des correspondances latines, tout comme la création des mots nouveaux, par la dérivation à suffixes latins des racines avec la même origine. Connaisseur de la langue française, l'auteur a soutenu l'emprunt lexical du français comme moyen d'enrichissement de la langue roumaine. Le dictionnaire de Paul Iorgovici, daté autour de l'année 1800, est le premier dictionnaire en quatre langues de la lexicographie roumaine.

C'est de la fin du XVIIIe siècle que date aussi le petit Dicfionar francez-grec-român [Dictionnaire français-grec-roumain], découvert par Nicolae Iorga parmi les manuscrits de Gh. A. Sturdza. Le travail, qui comprend 203 mots-titre, semble avoir été réalisé en Moldavie, d' après les particularités phonétiques et lexicales qu'il présente. Au début du XIXe siècle, le centre de la lexicographie roumaine se déplace de la Valachie et de la Moldavie vers la Transylvanie. Il suit une période extrêmement riche en ce qui concerne les préoccupations lexicogra-phiques, étant attestés au moins dix dictionnaires ou projets lexicographiques. Même si sous l'influence formelle de la lexicographie hongroise, les travaux reflètent, au niveau de la conception et des objectifs, les tendances latines spécifiques à l'époque: les auteurs des dictionnaires essaient de démontrer la latinité du lexique de la langue roumaine, en sacrifiant beaucoup de fois la réalité objective. La sélection des mots et des formes lexicales, tout comme les indications étymologiques sont mises au service de cet objectif tendancieux.

En 1801, l'érudit transylvain Samuil Micu-Klein, l'une des figures proéminentes de l'époque et représentant de l'École d'Ardeal, achève la rédaction d'un dictionnaire bilingue: Dictionarium valachico-latinum [Dictionnaire valaque-latin]. Deux ans après l'achèvement, l'auteur se propose de transformer le travail dans un dictionnaire polyglotte, en quatre langues, par l'ajout des langues allemande et hongroise. En 1805, le dictionnaire polyglotte est achevé, ce travail étant considéré comme la première forme du Dictionnaire de Buda, qui allait paraître en 1825. Le travail de Micu constitue le premier dictionnaire polyglotte qui, à côté des correspondants dans d'autres langues, comprend aussi des définitions des mots-titre roumains. Même si la dimension explicative du dictionnaire est plutôt incidentelle, elle doit être retenue pour la nouveauté qu'elle apporte dans l'histoire de la lexicographie roumaine. Huit ans après la disparition de Samuil Micu, les «héritiers» du savant transylvain réimpriment «Înstiintarea» [La notification] publiée par l'imprimerie de l'Université de Buda, avec la mention que le dictionnaire de Micu a souffert une série de finissages de la part de Vasile Codosi. Il commençait ainsi la longue transformation de l'ouvrage, qui allait mener, 11 ans après, à la parution du Dictionnaire de Buda. Même si la version de Micu est inférieure au Dictionnaire de Buda, il y a encore des spécialistes qui lui attribuent de manière intégrale la paternité du travail de 1825.

Vers 1802, un autre transylvain, Stefan Crisan, ancien professeur aux collèges reformés de Cluj et Târgu Mures, avait prêt pour être imprimé un Dictionnaire roumain-latin-hongrois. Découvrant le travail similaire de Samuil Micu, Crisan retire son dictionnaire de l'imprimerie. Le manuscrit du dictionnaire de Crisan est apporté par Gh. Asachi à Iasi, où il se trouve de nos jours encore. Le travail compte plus de 10000 mots-titre et manifeste les mêmes tendances puristes évidentes de l'époque. Par rapport au travail de Micu, Le dictionnaire de Crisan comprend aussi une série d'observations étymologiques, les premières de ce genre dans l'histoire de la lexicographie roumaine.

Un autre dictionnaire polyglotte de cette période appartient à Gh. Sincai. Il s'agit du Vocabularium pertinens ad tria regna naturae, rédigé vers 1808-1810. L'auteur vise à intégrer la terminologie générale des sciences de la nature, les 427 termes du vocabulaire désignant des noms de plantes, d'animaux et de minérales, dans les langues latine-roumaine-hongroise-allemande et roumaine-latine-hongroise-allemande. Pour réaliser l'inventaire des termes, l'auteur a valorisé les sources allemandes. Les termes roumains utilisés ont, pour la plupart d'entre eux, un caractère populaire, Sincai montrant une réticence envers la terminologie livresque, néologique. Même s'il n'a pas été envoyé à l'imprimerie, l'ouvrage a été valorisé pour achever le Dictionnaire de Buda.

Le dernier travail lexicographique multilingue paru avant le Dictionnaire de Buda est Diçtionar rumanesc, lateinesc si unguresc [Le Dictionnaire roumain, latin et hongrois], en deux volumes, réalisés par l'initiative d'Ioan Bobb et imprimé à Cluj entre les années 1822 et 1823. C'est le premier ouvrage lexico-graphique de grandes proportions imprimé, qui comprend environ 11000 mots. La liste de mots comprend de nombreux noms propres, des mots latins et des termes régionaux d'origine hongroise. Les unités phraséologiques, fréquentes dans le travail, figurent comme des articles indépendants, après le mot-titre important, sans être incluses dans le corpus qui traite le mot. Pour certains mots, peu usuels, l'auteur indique de brèves définitions ou des correspondances synonymiques (ex. armentariu: pastoriu e vite" [berger d'animaux]; ager: iute, grabnic, sträduitoriu" [rapide, agile]). Le dictionnaire est entièrement imprimé avec des caractères latins, et la forme des mots roumains est généralement latinisée et étymologiste. Le travail ouvre la vague du purisme extrême, par l'isolation, dans une annexe de la fin du IIe volume, des mots populaires roumains d'origine non-latine. L'auteur a utilisé, dans l'élaboration du dictionnaire, trois sources lexicographiques hongroises: la source principale est constituée par le Dictionnaire de Fr. Páriz Pápai, dans l'édition de 1708, et les deux autres sources secondaires sont le Dictionnaire de A. Molnár et celui de I. Márton (Seche 1966). L'ouvrage d'Ioan Bobb se prouve être inférieur, de point de vue de la réalisation, au Dictionnaire de Buda.

 

5. Le début de la lexicographie roumaine moderne

Le dictionnaire de Buda, qui a marqué le début de la lexicographie roumaine moderne, a paru en 1825, à l'Imprimerie de l'Université de Buda, sous le titre original, Lesicon românesc-latinesc-unguresc-nem}esc, care de mai mul}i autori, în cursul a trideci §i mai multor ani s-au lucrat seu: Lexicon valachico-latino-hungarico-germanicum quod a pluribus auctoribus decursu triginta et amplius annorum elabora-tum [Dictionnaire roumain-latin-hongrois-allemand, auquel plusieurs auteurs, au long de plus de trente ans, ont travaillé]. Dictionnaire polyglotte en quatre langues, le Dictionnaire de Buda représente le premier dictionnaire explicatif et étymologique de la langue roumaine qui est sorti de l'imprimerie. L'élaboration du Dictionnaire de Buda a été un processus de longue durée, qui s'est réalisée dans plusieurs étapes. La première étape vise l'activité lexicographique de l'érudit Samuil Micu-Klein, reviseur et correcteur des livres roumains à l'Imprimerie de Buda. Le 10 mars 1801, Micu achève la rédaction d'un dictionnaire bilingue: Dictionarium valachico-latinum [Dictionnaire valaque-latin]. Deux ans après, l'auteur se propose de transformer le travail dans un dictionnaire polyglotte, en quatre langues, ajoutant les langues allemande et hongroise. Pour cela, Micu fait appel à l'aide de deux spécialistes: le professeur I. Molnar-Halitzki pour l'allemand, respectivement Virág Benedek, pour le hongrois. En 1805, le dictionnaire polyglotte est achevé, cet ouvrage étant considéré comme la première variante du Dictionnaire de Buda, qui allait être imprimé en 1825. À la demande du directeur des écoles de Timisoara, Samuil Micu-Klein ajoute à l'ouvrage les correspondants en lettres latines des mots roumains (rédigés dans la première variante avec des caractères cyrilliques). Le travail est donné à l'Imprimerie de l'Université de Buda qui, au début de l'année 1806, annonce l'impression de deux travaux lexicographiques constitués par Micu-Klein: Dictionarium latino-valachico-germanico-hungaricum [Dictionnaire latin-valaque-allemand-hongrois] et Dictionarium valachico-latino-germanico-hungaricum [Dictionnaire valaque-latin-aUemand-hongrois]. Il s'agit, en réalité, du même ouvrage, seulement l'ordre des langues composantes est modifié. Après la mort de Micu, l'imprimerie de l'Université de Buda confie le travail d'achèvement du dictionnaire à Vasile Coloçi, le curé de la paroisse de Sacarîmb. Celui-ci avait donné lui-même à l'imprimerie, vers 1805, un Dictionnaire roumain-latin-hongrois-allemand en vue de l'impression. Coloçi unit les deux dictionnaires, en changeant l'ordre des deux dernières langues du travail de Micu. Fragments de la rédaction de Coloçi, découverts dans l'église épiscopale d'Oradea, montrent que l'auteur a profondément modifié la version de Micu. La version de 1810 est amplifiée, et certains des articles rédigés par Coloçi restent les mêmes jusqu'à l'édition imprimée du Dictionnaire de Buda. Après la mort de Colosi, la suite du travail est reprise, en 1815, par le chanoine d'Oradea Ioan Corneli. Avec le soutien financier de Samuil Vulcan, Corneli part à Buda, où il révise et amplifie le dictionnaire à partir de la lettre I, ajoutant de nombreux termes technico-scientifiques. À partir des fragments, les lexicographes ont reconstitué la contribution de Corneli au dictionnaire: les articles rédigés par celui-ci sont beaucoup plus étendus que dans le Dictionnaire de Buda, les définitions étant parfois interminables. La nouveauté que Corneli apporte vise les indications étymologiques, qui détiennent un pourcentage plus important dans sa version que dans la forme finale du Dictionnaire. Corneli est obligé de rentrer dans le pays et en 1820 la révision de l'ouvrage est confiée à Petru Maior. Même s'il a peu travaillé au dictionnaire, car il s'est éteint en 1821, la contribution de Maior est extrêmement consistante, surtout en ce qui concerne l'achèvement des étymologies. La révision et l'achèvement du vaste travail ont été réalisés par le prêtre Ioan Teodorovici et par son frère, Alexandru Teodori, docteur en médecine et philosophie (Pricop et al. 2017: 104-106).

Dictionnaire polyglotte, en quatre langues, Le Dictionnaire de Buda représente le premier dictionnaire explicatif et étymologique de la langue roumaine qui a été imprimé. Presque tous les mots du dictionnaire présentent de brèves indications sémantiques (périphrases ou synonymes), cet aspect offrant au travail un caractère explicatif. Par rapport à la version de Micu-Klein, la forme finale du Dictionnaire de Buda comprend aussi des informations grammaticales: chaque mot-titre est encadré dans la catégorie morphologique correspondante, on atteste le pluriel des noms et des adjectifs, l'infinitif long et le participe des verbes. Les mots polysémantiques sont groupés par sens, à différence de la version de Micu-Klein qui concentrait les nuances sémantiques dans une énu-mération unique. Les sens des mots sont présentés en diachronie, du sens étymologique à ceux récents. La valeur du dictionnaire accroît aussi par le grand nombre d'expressions comprises dans la structure des articles, accompagnées souvent par des définitions. La tendance puriste des auteurs est reflétée par l'indication de manière systématique de l'étymon pour les mots d'origine latine et par le contournement des indications étymologiques pour les mots non-latins.

«La graphie des mots-titre était ainsi destinée non seulement à identifier l'origine latine de beaucoup de mots (les termes ayant d'autres origines étaient écrits de manière normale, analogique), mais aussi de faciliter l'unification formelle de notre langue de culture» (Chivu 2012: 50).

Malgré les exagérations puristes qu'il reflète, Le dictionnaire de Buda contient plus de mille étymologies latines restées valables jusqu'à nos jours, contribuant énormément au développement de l'étymologie roumaine (Seche 1966). L'influence du Dictionnaire de Buda sur la lexicographie roumaine a été énorme, presque tous les dictionnaires du XIXe siècle se sont rapportés à celui-ci comme à un étalon. Le prestige de l'ouvrage a conduit à la propagation du courant latin dans la plupart des travaux lexicographiques de la Valachie et de la Moldavie, jusqu'après 1870.

Au niveau de la macrostructure, Le Dictionnaire de Buda est organisé de la sorte: Cuvânt cätre cititori [Mot pour les lecteurs] (en latin et en roumain - avec alphabet latin et cyrillique, p. 3-8), Prefata la Ortografie [Préface pour l'Orthographe] (en latin, p.III-VIII), Ortografia lui P. Maior [L'Orthographe de P. Maior] (en latin, p. 1-53 p.), Dialogul pentru începutul limbii române [Dialogue pour le début de la langue roumaine] (en roumain, avec alphabet latin et cyrillique, p. 54-102), Extrasul cu regulile de pronunfare [Extrait avec les règles de prononciation] (p.103) et Dic-tionarul propriu-zis [Le dictionnaire proprement-dit] (p. 1-771). Le dictionnaire proprement-dit, étendu sur 771 pages, expose par ordre alphabétique les unités lexicales du vocabulaire général de la langue roumaine au début du XIXe siècle, et la présentation des correspondances dans les langues composantes (latin, hongrois, allemand) se réalise de manière groupée, dans le corpus des articles. L'inventaire des entrées comprend de nombreux syntagmes, noms propres, diminutifs, appellations populaires, instruments grammaticaux du type des prépositions et conjonctions, interjections et éléments d'argot. Au niveau de la microstructure, les articles du Dictionnaire sont organisés ainsi: mot en roumain (à initiale majuscule, orthographié avec alphabet latin), suivi des informations grammaticales, mot-titre orthographié avec alphabet cyrillique, définition en langue roumaine suivie des correspondants en latin, hongrois et allemand, selon le modèle:

Ispravnicu [gestionnaire], m. pl. ci. ci/, subst. 1) cui sè încredintéze purtare de grije a quâruiva lucru [à qui on confie le soin d'une chose]: actor, curator, administrator: gomdviselö, elintézö: der Anstalter, Verrichter, Besorger, Verwalter. 2) Capitanulu séu maimarele quaruiva Çènutu, mai in Terile românesti [Capitaine ou le chef d'une région dans les Pays Roumains]: Praefec-tus circuli, Inspector districtus: kapitánya egy keruletnek, vagy járásnak: der Kreishauptmann, Kreisamtmann. Tainâ [secret], f. pl. i...., subst. 1) adeq. lucru ascunsu, mysteriu [chose cachée, mystère]: mysterium, res occulta, arcana: titok: das Geheimniß, die Heimlichkeit. - in tainâ [en secret]: adv: clam, occulta, arcane, tecte. titkon: heimlich, in Geheim. - de tainâ: adj. arcanus, secretus, occultus: titkos: heimlich, geheim. 2) a Biséricii [sacrement]: Sacramentum: Szentség: das Sacrament.

Le dictionnaire comprend une section introductive généreuse, de 103 pages, qui inclut des informations concernant l'historique de la démarche lexicographique, les contributions des auteurs et leur conception concernant l'origine et le développement de la langue roumaine. Les textes qui sont en préface du dictionnaire exposent et justifient les intentions lexicographiques des auteurs. La manière de sélection et d'organisation du matériel lexical relève les tendances puristes de ceux-ci, d'éliminer les éléments considérés étrangers de l'origine et de l'esprit de la langue roumaine, fait reflété dans la pratique de l'indication systématique de l'étymon pour les mots d'origine latine et le contournement des indications étymologiques dans le cas des mots non-latins. Le caractère non-systématique du travail est généré, d'une part, par le grand nombre des auteurs qui ont contribué à la rédaction, et, d'autre part, par la longue période d'élaboration. L'hétérogénéité du dictionnaire est réfléchie par les fluctuations de traitement des articles, par la manière dans laquelle l'information est structurée et par la présence dans l'ouvrage de plusieurs systèmes orthographiques qui rendent la lecture difficile.

Dans une époque où la lexicographie roumaine était très faiblement représentée, Lexicon valachico-latino-hungarico-germanicum [Le dictionnaire valaque-latin-hongrois-allemand] impressionne par: le nombre des entrées, le caractère encyclopédique des articles, la riche illustration des relations syntagmatiques et paradigmatiques que les mots-titre comportent, les informations étymologiques offertes, les affinités établies entre les langues romanes comprises dans le dictionnaire, la manière de traiter l'inventaire des entrées. L'ouvrage reflète les pratiques lexicographiques de l'époque, portant l'empreinte du temps et de l'espace où il a été créé. Malgré les exagérations puristes qu'il reflète, le dictionnaire s'élève au niveau des travaux lexicographiques étrangers, l'influence de l'ouvrage sur la lexicographie roumaine étant énorme: presque tous les dictionnaires du XIXe siècle se rapportent à celui-ci comme à un étalon.

Le Dictionnaire de Buda peut être consulté de nos jours en format digital aussi, grâce à une équipe de chercheurs conduite par Maria Aldea. L'édition corrigée et adaptée électroniquement pour la consultation en ligne du Dictionnaire de Buda reproduit le texte du volume imprimé en 1825, à l'imprimerie de Buda. En plus, l'édition électronique inclut: les traductions en roumain pour la Préface pour l'Orthographe et l'Orthographe de Petru Maior, un indice des mots des dialectes transdanubiens, de l'italien, français, espagnol et grec, un indice des proverbes et des auteurs/ œuvres cités et un inventaire des mots qui regroupe les mots-titre, les doublets graphiques et lexicaux des mots-titre et les mots-titre des entrées secondaires.

 

6. Conclusions

Corrélée avec le paysage de la lexicographie internationale, la lexicographie roumaine multilingue enregistre à son tour deux prototypes: le dictionnaire polyglotte, qui établit l'inventaire des entrées à partir du vocabulaire général de la langue, et le dictionnaire de spécialité ou terminologique multilingue, qui traite les terminologies correspondant à certains domaines scientifiques et techniques particuliers. Entre les deux catégories de travaux lexicographiques il n'y a pas de limites fermes, la pratique lexicographique mettant en évidence, surtout dans l'étape de début, des contaminations, des immixtions de certaines préoccupations de terminologie dans le cadre des dictionnaires polyglottes.

Une grande partie des initiatives lexicographiques se sont arrêtées au stade de projet, mais elles restent importantes pour l'histoire de la lexicographie roumaine, par les objectifs et les conceptions lexicographiques exposés par leurs initiateurs. L'appel à des sources indirectes a cependant permis la découverte de certains traits spécifiques à la lexicographie slave-roumaine dans les premiers siècles: le manque de tout appareil scientifique, la limitation à de simples registres multilingues, où l'on indique les équivalences dans les autres langues pour le correspondant de la langue roumaine, le caractère hétérogène des inventaires des entrées, l'absence de certains critères lexicographiques pour organiser le matériel lexical, les tendances puristes présentes dans la création des listes de termes et des indications étymologiques sommaires sont quelques-unes des caractéristiques que les ouvrages lexicographiques roumains parus jusqu'à la fin du XVIIIe siècle relèvent.

La lexicographie roumaine ancienne s'est rapportée aux traditions lexico-graphiques de prestige (comme celle slavonne), et les ressorts pragmatiques de la parution des premiers projets lexicographiques sont étroitement liés aux besoins de compréhension des textes religieux qui circulaient, en slavonne ou en traduction. Les premiers projets lexicographiques appartiennent à des érudits conscients de l'utilité de ces instruments et dont la vision lexicographique porte l'empreinte des influences culturelles de l'époque. Les glossaires comprenaient, d'habitude, des termes usuels, nécessaires à parcourir les textes bibliques et liturgiques, et ils étaient destinés aux gens des églises et aux traducteurs, assurant la fidélité de ceux-ci envers la lettre du texte religieux, considéré saint. Sans avoir à la base la conception rigoureuse, scientifique, d'une école lexicogra-phique, les premiers dictionnaires roumains s'avèrent être hétérogènes tant en ce qui concerne le matériel lexical inventorié, comme du point de vue de la manière de traitement lexicographique. Reflétant le degré de développement de la langue roumaine à l'époque et les tendances puristes partagées par certains auteurs, les premiers projets lexicographiques créent les prémisses pour le développement de la lexicographie roumaine moderne.

Dans les conditions où l'accès à certains travaux lexicographiques est limité à cause de plusieurs raisons, une série de projets de recherche qui favorisent l'accès au format numérique des travaux lexicographiques de référence pour l'espace roumain contribuent non seulement à l'alignement aux tendances de la lexicographie européenne moderne, mais aussi au développement des études metalexicographiques, par les instruments de travail qu'ils mettent à portée de la main des chercheurs. Des exemples en ce sens sont offerts par les projets Lexiconul de la Buda (1825). Editie emendata si prelucratä electronic pentru consultare on-line [Le dictionnaire de Buda (1825). Edition émendée et transposée en format numérique pour l'étude en ligne] et Primele dic}ionare bilingve românesti (secolul al XVII-lea). Corpus digital prelucrat si aliniat (eRomLex) [Les premiers dictionnaires bilingues roumains (le XVIIe siècle). Corpus numérique transformé et aligné (eRomLex).]

 

Remerciement

Le présent article s'appuie sur les résultats d'un projet de recherche qui a visé l'élaboration d'une bibliographie analytique et critique de la lexicographie polyglotte roumaine du XVIIe au XXIe siècle. À partir d'un corpus composé de catalogues et bibliographies représentatifs pour le livre roumain, on a créé une liste d'environ 450 titres qui couvre la période comprise entre la fin du XVIIe siècle et le début du XXIe siècle (Pricop et al. 2017).

 

Références

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