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Missionalia

On-line version ISSN 2312-878X
Print version ISSN 0256-9507

Missionalia (Online) vol.50 n.1 Pretoria  2022

http://dx.doi.org/10.7832/50-xxxx 

ARTICLES

 

Les Eglises de Libreville et les défis urbains /The Churches of Libreville and urban challenges

 

 

 

Calixte Mbakere1

 

 


RÉSUMÉ

Cette contribution est une invitation aux églises de Libreville, à se préoccuper des problèmes concrets urbains qui se posent avec acuité. Mais nous observons, que l'Eglise accorde peu d'attention ou pas du tout aux questions urbaines. Car pour bon nombre d'évangéliques à Libreville, se préoccuper des défis urbains est une distraction. La vraie et la seule préoccupation valable, selon eux, serait celle du salut des âmes. En négligeant ce mandat de Dieu de gérer la création, elle s'est fait rattraper tragiquement par les conséquences de cette omission, qui se traduit par Les crises urbaines, qui ont des conséquences visibles (congestion récurrente, pollution atmosphérique, gestion des déchets, îlot de chaleur urbain...)
Ces problèmes interpellent les Eglises à Libreville à ne pas rester à distance des grands défis de la cité. Elles doivent donc s'y intéresser. leurs responsabilités est fondamentale aujourd'hui qu'hier à toute action pouvant contribuer à la compréhension des faits et proposer des pistes de solutions aux phénomènes des défis urbains. Pour cela il faut promouvoir des églises, qui ne sont pas enfermé dans un temple, mais qui s'épanouissent dans les enjeux sociopolitiques, socioéconomiques et socioculturels. Afin de bâtir de nouvelles rationalités comme réponse aux défis urbains dans la capitale.

Mots clés : Défis Urbain, Libreville, Eglise, Environnement, Déchets.


ABSTRACT

This contribution is an interpellation to the churches in the City of Libreville to take concrete action in response to acute present urban problems that face the city. Currently, the Church pays little or no attention to urban issues that affect the City of Libreville. Many evangelicals in Libreville perceive giving attention to these urban challenges such as pollution, absence of waste management, heat waves, etc to be a distraction to the core business of ministry which is the salvation of souls. Against this backfrop, this contribution argue that this attitute amount to neglecting God's mandate to be stewards of creation. These problems pose serious challenges to the City of Libreville including churches and they therefore deserve theological/missiological attention. The Church should participate towards identification of root-causes for these urban challenges and in the process open the Church to flourish in socio-political, socioeconomic and socio-cultural spaces as she works towards solving these issues.

Keywords: Urban Challenges, Libreville, Church, Environment, Waste.


 

 

1. Introduction

Pour introduire notre article, nous nous inspirons d'une partie du discours du pasteur Kotto, de I960, relative à engagement des chrétiens à l'action, face à la tentative de schisme et les crises qui menaçaient l'Église évangélique du Cameroun (EEC), juste un an après son autonomie acquise en 1957.

Il faut des «Néhémie» pour reconstruire!

Il faut encore des «Jérémie» pour avertir les autorités!

Il faut aussi des «Jean-Baptiste» pour appeler à la repentance!

Il faut des «Osée» pour annoncer le pardon et la réconciliation avec Dieu!

Il faut des «Saint Jean» pour annoncer l'Évangile de Jésus-Christ pour la

rémission des péchés! Aucun chrétien, aucun serviteur de Jésus-Christ,

n'a le droit, au nom même de l'Évangile, de se dérober à cette tâche urgente.2'(Kotto, 1960, p.21-22)

Les problèmes de son époque ne sont certes pas les mêmes aujourd'hui. Mais l'urgence d'une nouvelle mobilisation collective est nécessaire suite à l'acuité de nouvelles crises, aux visages multiples, en rapport avec les défis urbains à Libreville. Aujourd'hui nous observons par exemple la croissance démesurée et désordonnée de la ville de Libreville devenues insalubre pour y vivre, non seulement du fait de la pollution causée par les émissions toxiques, mais aussi à cause du chaos urbain, des problèmes de transports, et de la pollution visuelle ainsi que sonore. Malgré ces réalités tristes, pour bon nombre d'évangéliques à Libreville, se préoccuper des défis urbains est une distraction. La vraie et la seule préoccupation valable, selon eux, serait celle du salut des âmes. Cette manière de penser et d'agir de ces églises évangélique de Libreville, soulève la question suivante : Comment les églises à Libreville, en ce qui les concernes appréhende-t-elle cette préoccupation de l'heure?

L'expression «défis urbains» ne désigne donc pas uniquement les défis spécifiques à l'espace urbain, mais couvre aussi ceux qui se posent de manière accentuée dans cet espace, entraînent des problèmes spécifiques ou exigent des actions particulières.

Plusieurs auteurs, ont traités des questions relatives à différents défis de notre temps, parmi eux, nous avons retenu trois (3) à cause de la restriction des mots dans notre article. Il s'agit de:

Protasius3, dans «L'Eglise chrétienne contemporaine face aux développements de l'Afrique», traite de l'activité chrétienne qui est devenue une mode en Afrique. Que l'Église chrétienne contemporaine serait un véritable obstacle pour le développement du continent Africain.

Thierry Paquot4, dans: «Théologie chrétienne et urbanisation», dit que la ville moderne a longtemps été crainte par les théologiens chrétiens. Après la Seconde Guerre, plusieurs clercs missionnaires s'engagent avec des laïcs dans des enquêtes sociologiques sur la mobilité et l'individualisme de citadins transplantés et atomisés ; il s'agit d'adapter la pastorale au changement du monde.

Hannes Wiher5 dans «Afrique d'aujourd'hui et les Églises: Quels défis?» Ce livre présente un ensemble d'articles de jeunes missiologues africains sur l'engagement de l'Église dans l'Afrique d'aujourd'hui. Il ressort que l'Église africaine est confrontée à plusieurs défis missiologiques: l'urbanisation, la corruption, le sida, la résurgence des religions traditionnelles, l'évangile de la prospérité, et la mise en pratique de la foi chrétienne dans la vie de tous les jours, entre autres.

La limite des textes des auteurs que nous avons mentionnés ci-dessus, sont qu'ils ne parlent pas du manque d'engagement des églises de Libreville face aux défis urbains à Libreville. Voilà ce qui fait la différence et la particularité de notre recherche. Il devient urgent que les églises évangéliques de Libreville pensent à revoir leur théologie de l'immobilisme, de l'église comme une agence de voyage vers le ciel, et de l'omission pour mettre sur pied, une théologie qui réorientera leur action dans le contexte de la transformation de notre environnement.

L'approche méthodologique qui nous semble bien indiquée sera :

L'analyse qualitative : Elle permet d'identifier les thématiques liées aux sujets et de les analyser. On recherche également à identifier l'idéologie qui sous-tend la pensée de la personne interrogée. L'analyse qualitative se justifie par le fait que les données collectées ne sont pas toujours parlantes. Il faut les soumettre au questionnement afin de leur trouver une valeur qui puisse permettre de les exploiter soit en vérifiant les hypothèses, soit en les infirmant.

L'analyse quantitative: L'analyse quantitative nous permet d'établir des relations entre certaines variables des hypothèses et les données collectées.

La solution que nous envisageons dans la problématique de notre réflexion, est de promouvoir des églises à Libreville public, qui ne sont pas enfermé dans un temple, mais qui s'épanouissent dans les enjeux sociopolitiques, socioéconomiques et socioculturels. Des Eglises de Libreville pour bâtir de nouvelles rationalités comme réponse aux défis urbains dans la capitale. Nous ne croyons pas avoir traité tous les aspects en rapport avec la question urbaine, qui est vaste et complexe, d'autres chercheurs pourront approfondir les aspects suivant : l'église face à la pollution de l'air ; Nouveaux enjeux de l'agir de l'église face aux défis de la ville de Libreville ; l'église de Libreville, l'amélioration et la prévention des bidonvilles. Voici quelques sujets qui peuvent être exploité.

Dans l'analyse qui va suivre, nous nous intéresserons, à présenter la ville de Libreville et ses problèmes environnementaux urbains, puis nous présenterons l'attitude des églises face aux défis urbains, ensuite nous ferons état des défis urbains auxquels cette ville est confrontée et nous terminons par une interpellation à l'endroit de l'église à sortir de son silence et mutisme afin d'apporter sa contribution à l'amélioration de la transformation urbaine.

 

2. Contexte géographique, économique et démographique du Gabon

Situé en Afrique centrale, le Gabon est limité au nord par le Cameroun et la Guinée équatoriale, au sud et à l'est par le Congo et à l'ouest par l'océan Atlantique qui en borde les côtes. Traversé par l'équateur, il dispose d'un climat de type équatorial, chaud et humide, sujet à de très fortes précipitations. Il est généralement reconnu pour sa richesse écologique car il possède plus de 180 000 km2 de réserves forestières, sur une superficie totale de 267 667 km2. La forêt dense équatoriale qui représente environ 80 % de sa superficie constitue, avec celle du bassin du Congo, le deuxième «poumon de l'humanité»6, après la forêt amazonienne. Du fait de la rareté et de la diversité des espèces animales et végétales que l'on y retrouve, le Gabon est aussi qualifié de « berceau de la biodiversité »7 Comme plusieurs pays d'Afrique subsaharienne, le Gabon est une ancienne colonie française, ayant acquis son indépendance en I960.

Le secteur forestier et le secteur minier (exploitation de manganèse, fer et uranium) contribuent en seconde part à l'économie du pays8. Bien que le produit intérieur brut (PIB) du Gabon soit l'un des plus élevés d'Afrique subsaharienne, et que son niveau de dette publique fasse partie des plus faibles en Afrique centrale, 32,7% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté9. En 2016, la population gabonaise était estimée à 1,9 million de personnes, dont près de la moitié, soit 967 mille personnes, résident dans la capitale, Libreville. La densité de cette ville est de 11 518,6 habitants par km2 (Population data, 2016). L'âge moyen de la population gabonaise est de 18,6 ans et près de la moitié de cette population, soit 42,1 % est âgée de moins de 15 ans. Les personnes âgées de 54 ans et plus ne représentent que 7% de la population. Le taux de mortalité infantile est de 36,1 décès pour 1000 naissances, soit plus de 8 fois celui du Canada10. Selon le PNUD (Programme des Nations-Unies pour le développement) (2015), le Gabon affiche l'indice de développement humain le plus élevé d'Afrique subsaharienne. Cet indice est calculé principalement selon trois critères : l'espérance de vie, le niveau d'éducation et le niveau de vie.

2.1 La question environnementale urbaine et la gestion des déchets au Gabon Comme dans bon nombre de pays d'Afrique subsaharienne, la protection des animaux et de l'environnement urbain au Gabon est peu valorisée. Non seulement les plans d'action gouvernementaux, lois et politiques relatifs à l'environnement urbain y sont très peu développés, mais les initiatives locales et l'intérêt des populations pour la problématique environnementale urbaine sont également rares11. L'ensemble du Gabon fait face à différents enjeux environnementaux tels la déforestation et le braconnage, mais la pollution des sols par les déchets solides, la pollution des eaux et la pollution atmosphérique touchent Libreville plus spécifiquement. La pollution des eaux est liée d'une part aux déversements de poubelles ou de déchets isolés sur les plages ou dans les cours d'eau. D'autre part, elle est causée par la contamination des cours d'eau, soit par les lixiviats issus de la décharge de Mindoubé, soit par les eaux usées sanitaires recueillies dans les latrines avoisinant les cours d'eau. De plus, un nombre important de véhicules mal entretenus circulent dans la capitale en rejetant dans l'air des fumées noires malodorantes, responsables de la pollution atmosphérique.

Le Gabon a été le premier pays africain à avoir soumis une contribution à la COP21 ayant eu lieu à Paris en novembre et décembre 2015. Cette contribution audacieuse fixe comme objectif de réduire d'au moins 50% les émissions de gaz à effet de serre du pays d'ici 202512.Si l'engagement du Gabon à participer à la lutte contre les changements climatiques est palpable, celui tourné vers une gestion adéquate des déchets l'est moins.

Allogho Nkoghe n'hésite pas à employer le terme d' « incivisme13 » pour désigner le comportement de la population gabonaise face à ses pratiques de gestion déchets. En effet, beaucoup de déchets se retrouvent quotidiennement dans la nature et donnent lieu à des dépotoirs sauvages. Le phénomène d'exode rural compte pour beaucoup dans l'insalubrité alarmante à Libreville, ayant engendré une urbanisation très rapide et mal gérée. En effet, faute d'organisation et de planification préalables, la construction de la ville s'est faite de manière anarchique. De nombreux bidonvilles ont ainsi pris naissance dans la capitale, difficilement accessibles par les transports routiers. De plus, les moyens techniques destinés au ramassage des déchets n'ont pas suivi la montée en flèche du nombre d'habitants : le nombre de bacs à ordures placés dans les rues et quartiers, ainsi que la fréquence de ramassage des ordures n'ont pas été ajustés14. Du fait de la difficulté à accéder aux quartiers ou aux habitations, exacerbée lors de la saison des pluies, seulement 30% des ordures sont collectées, toutes natures confondues. En effet, les résidus alimentaires sont mélangés avec des matières recyclables, électroniques ou dangereuses car il n'existe pas de centre de tri ou de récupération.

La collecte des déchets ménagers à Libreville a longtemps été assurée par la société de valorisation des ordures ménagères du Gabon, communément connue sous son abréviation SOVOG. Outre le ramassage des déchets, la SOVOG était responsable du transport des ordures jusqu'à l'unique décharge de la ville, la décharge de Mindoubé, située dans un quartier populaire. Les grèves récurrentes des employés de la SOVOG et le manque de rigueur dont elle aurait fait preuve ont poussé le gouvernement gabonais à se tourner vers une autre alternative pour le ramassage des déchets15. Depuis 2014, le gouvernement gabonais a signé un contrat avec une société libanaise connue sous le nom d'Averda. Celle-ci est considérée comme le leader en matière de services de gestion intégrée des déchets au Moyen-Orient et en Afrique (www.averda.com). En plus d'avoir lancé des opérations de nettoyage des plages, routes, berges et caniveaux, Averda assure un service régulier de ramassage des déchets.

Elle se charge également du transport des ordures jusqu'au centre d'enfouissement technique de Mindoubé16, lequel est décrété saturé depuis plusieurs années et ne répond plus aux normes relatives à la protection et à l>amélioration de l>environnement, ni au règlement sanitaire d>hygiène et de salubrité publique17. Il n'en demeure pas moins que les médias gabonais (Gabon Review, 2015 ; Times Gabon, 2015 ; Infos Gabon, 2016) dressent un portrait plutôt flatteur de l'entreprise Averda et des services rendus, en mentionnant par exemple le fait qu'il y a désormais beaucoup plus de bacs à ordures dans les rues de Libreville, facilitant ainsi la tâche à de nombreux Librevil-lois qui étaient jadis obligés de parcourir des kilomètres pour atteindre un bac de poubelle. De plus, les bacs ont désormais l'avantage d'être moins hauts, étant ainsi plus accessibles aux enfants qui étaient souvent incapables d'atteindre les bacs de la SOVOG du fait de leur hauteur. Enfin, les bacs à ordures amenés par Averda sont munis de couvercles, ce qui limite la diffusion d'odeurs nauséabondes et la prolifération de bestioles nuisibles comme les mouches, moustiques, cafards et rats18.

2.2 Libreville et les problèmes environnementaux urbains

La situation de l'environnement urbain gabonais est assez bien connue. Nombreux sont les écrits qui ont été déjà réalisé sur ce sujet. Le Gabon, et plus particulièrement sa capitale, Libreville, fait également face depuis plusieurs années à une crise des déchets, caractérisée par une insalubrité grandissante et une incapacité à éliminer les ordures19. Cette gestion inadéquate des déchets est intimement liée au phénomène d'exode rural20. Par ailleurs, le manque de planification et d'organisation face à l'arrivée incessante de nouveaux habitants à Libreville a entraîné l'apparition de nombreux bidonvilles, caractérisés par de mauvaises conditions sanitaires et un accès très limité sinon inexistant à l'eau potable21. Ainsi, Libreville voit s'accumuler sur ses routes et ses plages des amoncèlements de déchets, entraînant ainsi des risques pour la santé de la population et celle de certaines espèces menacées à l'image des tortus luths. Regroupant quasiment à elle seule la moitié de la population du pays, Libreville est de loin le lieu le plus critique en matière d'insalubrité au Gabon22.

 

3. Attitudes des églises à Libreville face aux défis urbains

Jusqu'à un passé récent, les Églises à Libreville dans leur ensemble se sont montrées peu sensibles aux préoccupations environnementales urbaines. Pour ne prendre le cas de l'Église catholique, qui a toujours été en avant plan sur des problèmes de société, comme le souligne le camerounais Jean-Marc Ela, il faut constater l'absence du terme écologie de l'index thématique du document qui rassemblaient les prises de parole des évêques catholiques d'Afrique entre 1969 et 199223. Selon lui, rien ne laisse penser aux préoccupations environnementales quand ils traitent de leurs thèmes préférés que sont l'évangélisation, l'inculturation, le dialogue, la paix et la justice et les moyens de communication. Pour convaincre, il faut savoir que lors de la première assemblée du synode spécial des évêques pour l'Afrique (1994), fait-il savoir, sur 210 interventions en plénière, 2 seulement ont porté le problème de l'environnement24.

Les maux qui rongent la ville de Libreville actuellement, sont ceux que soulevait depuis plusieurs années en arrière, Mgr Paul Ruzoka, en substance: «il est particulièrement important que nous prêchions et que nous enseignions le sens chrétien du péché, en particulier celui du péché social et structurel. Ce péché est particulièrement visible dans la dégradation causée à la création par un déboisement incontrôlé, la pollution de l'air et de l'eau, etc. Cette injustice faite à la création est une injustice faite aux générations à venir. C'est un véritable péché contre la terre25.» Quant à Mgr Wamala, il invitait à faire de la protection de l'environnement une préoccupation centrale de la mission des chrétiens et des Églises en Afrique: «Il est urgent et important de parler de la protection de l'environnement urbain dans le contexte de la famine et de la pauvreté en Afrique. (...) l'économie de la plupart des pays africains repose essentiellement sur l'agriculture. (...) les cultures novatrices demandent de bonnes conditions climatiques, des sols fertiles, des pluies efficaces, et une bonne qualité de l'environnement26

Compte tenu de ces considérations, il est urgent de donner l'importance qu'elle mérite à la conservation de l'environnement urbain. Intentionnellement ou non, tout le monde a contribué à détériorer l'environnement urbain, à Libreville comme ailleurs. Nous devons accepter ce cri qui vient de la Terre, nous devons en tenir compte et y sensibiliser nos peuples. L'intégrité de la création est l'un des problèmes dont nous devons discuter ici, l'évangélisation ne saurait l'ignorer. (...). La protection de l'environnement urbain est une condition nécessaire de cette promotion humaine. (...). Les temps sont murs pour incorporer dans notre catéchisme des questions qui rappellent que l'homme est responsable de la nature. (...). Nous devons respecter notre environnement pour nous même et pour les générations à venir.

Ces deux déclarations ont fait l'objet de cette proposition : «L'état actuel de l'écologie et de dommage causé par la déforestation et par la pollution industrielle sont des motifs de graves préoccupations. Le synode souhaite que soient vivement mis en œuvre des contrôles pour empêcher les décharges abusives de déchets toxiques et la pollution des cours d'eau et des côtes africaines. A travers la prédication, les articles de presse et la catéchèse comme aussi dans les programmes scolaires, on doit inculquer le souci de l'environnement urbain et le respect de la création. Au niveau local, les paroisses devront organiser des programme d'éducation et d'action concrète, comme le fait de planter un arbre, par exemple27.» Cependant, le message final de se synode, l'exhortation post-synodale sont muets à ce sujet.

 

4. Les défis urbains pour les églises de Libreville

En ce XXIe siècle, la question de l'organisation des villes est intimement liée aux grands défis qui pointent à l'horizon. Mais avant de proposer des exemples de solutions, pouvons-nous mieux définir ces enjeux qui seront sans aucun doute au cœur de la gouvernance des villes de demain en général et de celle de Libreville en particulier : l'augmentation de la population, la mobilité urbaine et les enjeux environnementaux.

4.1 L'augmentation de la population

Plusieurs facteurs ont participé à l'accroissement démographique de Libreville. Parmi ces facteurs, nous ne retiendrons que deux principalement, à savoir: les pesanteurs historico-politiques et les causes économiques.

4.1.1 Les causes historico-politiques

La population de la ville de Libreville a augmenté du fait de certains faits historiques que notre pays a connu avant et après son indépendance. En effet, lors des grands voyages maritimes sur la côte de l'Afrique, les portugais, en 1472, baptisèrent le pays « Rio Gabao » quand ils pénétrèrent dans l'estuaire, en raison de sa forme semblable à un caban (Gabao en portugais). Le nom « Gabao » se transforma ensuite en Gabon. Lopez Gonsalvez, donna son nom au Cap Lopez en 1480. Le pays se réduisit alors au grand estuaire habité par les Mpongwé, au Cap Lopez et au pays des lagunes. Jusqu'au XVIIIème siècle, les tribus côtières entretinrent des relations commerciales avec les européens. Ces activités se réduisirent essentiellement au troc et à la traite des esclaves.

Par ailleurs, dans sa mission de représentation de la traite des noirs dans l'Atlantique sud en 1839, la marine française obtint le droit d'installer une base sur la rive gauche de l'estuaire, puis sur la rive droite, point de départ d'une colonie du Gabon. La première ville de la province de l'Estuaire, Libreville naquit en 1849 par les esclaves libérés. Comme le rappelle ce fait historique, la province de l'Estuaire, grâce à son ouverture maritime, a été la première région du Gabon où les européens28 et les peuples autochtones (les Ndiwa et les Mpongwé) entrèrent en relation et entretinrent des relations commerciales. Ce fait a très vite attiré et fixé les populations de l'intérieur du pays vers la côte.

Entre autres faits majeurs ayant entraîné l'augmentation de la population urbaine, la tenue du 34ème sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en 1977 au Gabon ; la construction du Transgabonais ; la rénovation des quartiers insalubres et la revitalisation du centre-ville de la capitale. Ces travaux touchaient particulièrement le secteur routier et celui de l'immobilier. Compte tenu des énormes travaux à réaliser, l'Etat a été contraint de faire appel à une main-d'oeuvre étrangère. Ainsi, Libreville a connu l'arrivée des populations immigrées venues de tous les pays de l'Afrique centrale et de l'Ouest, de Yougoslavie, du Liban et de Syrie (10000 personnes en1984 et 20% de la population de Libreville en 1993).29 Le « grand chantier Libreville » a généré 7000 emplois30. A côté de ces facteurs historique et politique, il y a également l'accroissement naturel, du fait d'une politique nataliste et de meilleures conditions de vie, qui ont également participé à l'augmentation des urbains à Libreville. En somme, les facteurs historico-politiques, comme nous venons de le voir ont entraîné une augmentation de la population de Libreville qui est devenue la porte d'entrée et de sortie de tous les flux.

4.1.2 Les facteurs économiques

Les activités industrialo-portuaire, commerciale et la qualité de l'offre des services développées dans la ville de Libreville a drainé une forte population en provenance de l'intérieur du pays. L'agglomération de Libreville a pu bénéficier de ces migrations internes et externes, dans la mesure où l'essentiel de l'économie de la province de l'Estuaire est concentrée dans cette ville. On y retrouve tous les sièges sociaux des grandes entreprises, les commerces, les industries génératrices d'emplois salariés et toute une série d'activités motrices. Le développement de ces activités dans l'agglomération de Libreville a fait de cet espace, un pôle attractif qui capte tous les flux en provenance de l'intérieur du pays.

Ainsi, l'exode rural s'est accentué du fait que Libreville émet une force attractive qui se manifeste par les possibilités très considérables d'emplois, les statuts très hiérarchisés de la société urbaine et les séductions de la « culture urbaine » devenue dominante. Le potentiel économique de Libreville a un effet attractif sur les populations et a ainsi contribué à l'accroissement démographique de cette ville qui, selon certaines sources, regorgerait à peu près 45% de la population du pays.

4.2 La mobilité en ville

Le développement des mobilités à Libreville se fonde sur trois facteurs. Le premier est le développement de la ville. Libreville est structurée par deux pôles essentiels, un centre-ville, lieu de concentration de tous les services et un port, zone d'implantation de nombreuses entreprises et bassin d'emplois. Cette structuration de la ville est héritée des aménagements coloniaux qui mettent en place les premiers plans urbains. Avec le gonflement des espaces urbains particulièrement vers la périphérie, cesse une urbanisation régulière de la ville.

Le deuxième facteur est l'offre des opérateurs de transport. Longtemps assuré par les transports publics : entreprise publique et taxis urbains, les déplacements sont restés à des prix modiques. S'agissant de l'entreprise publique, elle a assuré la gratuité des transports de certaines catégories (les scolaires) d'où ses difficultés financières et sa faillite. Quant aux taxis urbains, leur prix est resté inchangé pendant des décennies sous la pression des hommes politiques. Le sectionnement du parcours par ces derniers est une manière détournée pour pratiquer des hausses substantielles de tarif à l'heure de pointe.

Le troisième facteur est d'ordre gestionnaire. La crise des transports et la montée de la demande citadine dans les quartiers périphériques dépourvus de transport public, a conduit les autorités à ouvrir les transports urbains au secteur artisanal.

4.3 L'environnement et les changements climatiques

L'influence de l'humanité sur l'environnement de Libreville et son impact sur les changements climatiques n'est plus à prouver. Les causes ainsi que les conséquences de ces dérèglements naturels sont de mieux en mieux connues et l'impact sur Libreville l'est aussi.

La capitale du Gabon, Libreville présente, aujourd'hui un ensemble de problèmes qui touchent aussi bien l'environnement, l'occupation anarchique de l'espace que le fonctionnement des quartiers. Sur le plan environnemental, on peut identifier les problèmes d'érosions et ceux liés à l'action anthropique. Pour ce qui est de l'érosion naturelle, l'action des eaux de ruissellement a un effet significatif sur l'évolution du paysage urbain, ainsi que sur la stabilité des habitations, surtout celle qui sont construites sur les versants et dans les vallons31.

L'étalement urbain et le choix de la voiture comme mode de transport influencent donc grandement l'impact de la ville sur l'environnement. En effet, « la mobilité urbaine dépend aujourd'hui à plus de 90% du pétrole et elle est au cœur du défi climatique32 ». Cela montre donc que l'augmentation de la population, l'étalement urbain, la mobilité et les enjeux environnementaux sont finalement tous liés et que les réponses à ces « problèmes » doivent englober tous ces éléments.

4.4 Demain, faire de la santé un devoir des villes

L'actualité de certaines villes en 2018 a été particulièrement marquée par la problématique de la pollution, comme à Libreville. Le stress, le mode de vie urbain peu actif, le manque d'espaces verts, font des espaces urbains des lieux de moins en moins adaptés à une bonne santé. L'espérance de vie en ville a d'ailleurs chuté, ce qui s'explique par ces nombreuses problématiques liées à la santé. Comment alors relever le défi pour des villes plus saines?

Les villes peuvent aussi agir pour une meilleure santé mentale de tous, notamment en luttant contre la solitude et l'isolement social, en participant à créer des lieux et interactions entre ces habitants. Un enjeu central qui touche aujourd'hui l'ensemble de la population, qu'il s'agisse des jeunes ou des personnes âgées, en grande précarité ou non. Dans l'ère de l'ultra connecté, l'indifférence et le délite-ment des liens sociaux sont en hausse. Alors comment créer un Libreville toujours plus vivantes et bienveillantes pour un vivre ensemble ? Mais aussi plus fes-tives et joviale pour installer un cadre de vie plus bénéfique, serein qui pousse à l'optimisme général ?

 

5. Interpellation des églises de Libreville face aux défis urbains

La dégradation de l'environnement est la détérioration de la qualité biochimiques et géophysique de l'habitat naturel. Elle est consécutive à certains facteurs, mécanismes, de structures et de systèmes qui sont directement ou indirectement liés à l'activité humaine, à cause de la pollution (de l'air, du sol ou de l'eau) et entraîne l'augmentation de la température moyenne de l'atmosphère et de la chaleur sur terre et provoque la dégénération du milieu naturel et la disparition des certaines espèces biologiques33.

Ce constat ci-dessus interpelle l'Église de Libreville à s'engager plus à fond dans une pastorale urbaine, à entrer dans la ville de Libreville et à partager les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtouts et de tous ceux qui souffrent dans la capitale gabonaise. Pour ce faire, elle est aussi appelée à écouter et à se laisser transformer par ceux et celles qu'elle rencontre en ville. C'est s'adapter à son temps, moderniser ses idées, réviser ses perspectives. C'est ainsi que nous pourrons développer des pratiques plus parlantes, plus solidaires et plus créatrices qui témoignent et participent à l'avènement d'une cité selon le cœur de Dieu. Mais malheureusement, nous retrouvons dans plusieurs communautés chrétiennes de Libreville des mentalités, des comportements et des théologies de non engagement de la transformation du milieu urbain de la capitale gabonaise, c'est-à-dire, Libreville. Ces mentalités, comportements et théologies sont la résultante des théologies suivantes:

5.1 La théologie scholastique

La théologie scolastique a mis en place une anthropologie dualiste qui non seulement séparait, mais encore opposait corps et âme, matière et esprit, matériel et immatériel, etc. Le corps est matière tandis que l'âme est esprit. Elle accordait la primauté aux réalités non matérielles34. L'âme fait participer l'homme à la vie divine et le rend capable d'une relation avec Dieu. De là était déduit une conception de l'univers comme une réalité matérielle et mécanique sans dimension intérieur. De cette manière, Dieu a été évacué de l'univers et s'est exilé dans une transcendante inaccessible. Dieu n'habitait plus la création, réduite à une réalité matérielle sans mystère. L'univers n'était plus animé par les mêmes énergies structurantes (ordre du monde) et vivifiantes (vie et mouvement de la création continue) que l'homme. Il a été déshabité et désenchanté. Il a cessé d'être la manifestation de la présence de Dieu et le lieu de rencontre et de communion avec lui (Sacrement). La nature obéissait plus à un ordre et à une harmonie voulue par Dieu. Dépouillée de toute profondeur qualitative et de toute valeur symbolique, la nature était exclue de la rédemption et placée en marge du Salut.

La conséquence qui en découle est bien claire : C'est le rapport que l'homme a avec Dieu qui détermine le rapport de l'homme avec ses semblables et avec son environnement. « Voilà pourquoi la culture chrétienne a toujours reconnu dans les créatures qui entourent l'homme autant de dons de Dieu à cultiver et à garder avec un sens de gratitude envers le Créateur35.» En sus, l'homme et la nature étaient désormais pensés en termes d'opposition selon le partage des rôles.

5.2 La théologie de la gnose, qui considère la matière comme mauvaise

Beaucoup de chrétien sans le savoir applique cette théologie de la gnose, qui considère que, le mal étant dans le monde, s'en délivrer revient à échapper au monde, à être délivré et sauvé du monde. Le monde est un lieu d'où il faut sortir à tout prix. Du cosmos qui la tient captive entre les murs d'une prison, l'âme ne peut tendre qu'à s'enfuir et à trouver par où s'évader. Puisque la bonne vie est étrangère à l'ordre actuel du monde, il importe de se tenir loin de ce monde mauvais, de le fuir. Le gnostique doit donc se détacher de tout ce qui, mêlé à ce monde, ou susceptible de s'y mêler, lui est étranger, incompatible, nuisible et compromet l'intégrité de son moi. Il a un impératif unique : s'abstenir, s'abstraire, se soustraire36 . Il considère que c'est par la force des choses et malgré lui qu'il se trouve engagé dans le monde.

Aussi ne s'y engage-t-il pas vraiment. « Son comportement spirituel consiste, avant tout, dans un désengagement, non dans un engagement »37 . Cette tendance à fuir le monde est fondée sur la conviction que le monde de la matière, est un séjour où le gnostique s'est fourvoyé et qu'il doit quitter pour se retrouver chez soi dans l'autre monde d'où il provient. Tombé provisoirement dans le monde de la Heïmarménê ou destin, le gnostique peut remonter au-dessus des Archontes et recouvrer la liberté du monde de la Lumière, accéder par l'illumination, à une vie nouvelle. Si l'expérience du mal prouve que le gnostique n'est pas actuellement ce qu'il était originellement, ce qu'il est en soi dans la réalité et la vérité de son être, il a la conviction qu'il peut et doit le redevenir.

Il lui suffira alors de réveiller l'étincelle divine présente en lui pour se trouver séparé du monde et retrouver sa vérité première et plénière, éternelle et permanente, autrement dit pour prendre conscience de son moi véritable, et se dégager du monde où il est prisonnier pour retrouver sa patrie divine. Grâce à la connaissance que le gnostique a de sa vraie nature, il regagne le monde d'en haut, car racheté du monde inférieur. Il est né dans ce monde, mais il renaît pour se retourner dans le monde de l'esprit.

5.3 Théologie et crise environnementale

C'est assez tard que l'écologie est entrée dans les préoccupations de la théologie chrétienne38. Et pour cause? D'une part, certains milieux écologistes dénient au christianisme une valeur cosmique et le tiennent pour inconciliable avec l'écologie. D'autre part, la théologie chrétienne, surtout catholique, se montrait réticente envers l'écologie, à cause de certains de ses courants, qui tendent à diviniser la nature en entier ou en partie, ou lui attribuent la même valeur que l'homme ou les placent au même niveau, voire sacrifient l'homme pour la cause de la nature (écologie profonde)39. Cela ne signifie pas que la théologie se désintéresse de l'écologie, car les défis écologique l'interpellent. La protection de l'environnement, qui est une partie de la création, fait intégrante de la foi chrétienne. La crise écologique est un signe de temps qui l'invite à revisiter le sens et la signification de la création afin de donner une réponse propre au problème de la crise écologique40.

La théologie n'explique pas seulement l'origine ou le commencement de l'univers, elle rend aussi vivant de manière pertinente l'ordre interne de la réalité du monde au sein de laquelle Dieu est réellement présent. Elle conceptualise de manière abstraite et rationnelle la science de la nature et évalue les faits historiques de manière plus aiguë en rapport avec Dieu. L'univers est un domaine de la création, formée de la nature matérielle, domaine de l'écologie et de l'éthique de l'environnement; et du monde personnel, qui conduit à une juste organisation politique, sociale et sociétale et économique de tous les domaines de la vie. Dieu l'a confié aux soins de l'homme ; non pour la seule contemplation esthétique de son ordre, mais pour qu'il assure sa vie et sa survie en adaptant la nature à ses besoins vitaux et existentiels

5.4 L'homme responsable de la création

Le devoir de l'homme se situe dans une toile des relations qui unissent profondément les créatures et dépassent la relation de simple d'usage des ressources de la nature. Sa mission est de cultiver le jardin (Gn 2,15). Le verbe ganan signifie protéger ou couvrir dans le sens d'aménager et de transformer positivement la Terre. Elle consiste à animer la création, en s'adaptant et s'accommodant à son environnement naturel. Elle permet de retrouver un mode de vie, un art de vivre, la joie de la connaissance, la gratuité et la beauté, sans lesquels l'humanité et la planète font disparaître. L'homme anime la création, c'est-à-dire, la transforme positivement. Il doit s'adapter et s'accommoder à son environnement naturel.

Elle rend capable de la reconnaissance de la diversité de la vie, de l'histoire commune de la vie, de la valeur commune et infinie et en même temps et la capacité de rendre effective le compagnonnage entre l'homme et la nature. La responsabilité de l'homme envers la création est innée. Elle est inhérente à la création même de l'homme et de l'action créatrice de Dieu. C'est une invitation au respect de forces naturelles et de toutes les expressions de la vie dans le traitement technique et culturel et dans la transformation de la nature par son travail41, par lequel l'homme améliore les conditions de vie selon le dessein de Dieu pour amener la création à son accomplissement total. Elle consiste à continuer l'œuvre créatrice de Dieu. «Tout effort humain dans le sens de la croissance, celui du développement intégral et solidaire de l'homme et de tous les hommes, même s'il se situe sur le plan purement temporel et terrestre, contribue à la croissance et au rassemblement définitif des hommes autour du Christ42

La théologie rappelle que l'activité humaine doit concourir au vrai bien de l'humanité, qui tremble devant la technique qui a une forte capacité de détruire. Cela étant, l'homme ne peut pas se passer de la nature, ni de la science ou de la technique, même si ces dernières sont capables de produire le pire et le meilleur. Si le pire menace, le meilleur n'est toujours pas sûr. Car, la technique qui pollue peut aussi servir à dépolluer43. Il importe de conférer à la science et à la technique une dimension éthique ou du moins soumettre leurs réalisations à un discernement éthique44.

 

6. Conclusion générale

La préoccupation pour la transformation urbaine devrait aussi être un élément central de la foi des églises à Libreville, car il s'agit de redécouvrir l'intégralité de notre relation avec Dieu. Ce défi invite les églises à Libreville à prendre conscience que le christianisme n'est pas un christianisme d'émotion religieuse ni de sacralité métaphysique, mais celui d'un engagement pour la société dans les profondeurs du génie de la foi, afin de prendre les défis urbains comme des enjeux sociaux de la relation de l'Eglise à Dieu dans le monde actuel. C'est un christianisme qui lie foi et raison, spiritualité et défis urbains, monde des hommes et logique de Dieu, vie intérieure et engagement dans la transformation sociale, sur la base d'un imaginaire capable de nouer tous les enjeux dans une force mentale et institutionnelle vraiment inventrice d'humanité nouvelle, à partir des rationalités vivantes et des valeurs d'ouverture à la fécondité des utopies de l'avenir pour changer le monde, pour un autre monde possible.

Les préoccupations urbaines ne doivent pas être le fait des seuls gouvernements, des structures spécialisées et des ONG. Il faut nous donner la main, agir ensemble pour nous repentir de notre péché par omission et pour redonner la place de choix aux préoccupations urbaines. La création d'un tel imaginaire est un vaste champ missionnaire qui exige une conscience forte des rationalités et des valeurs-utopies à semer dans l'esprit des chrétiens de Libreville et dans les institutions chrétiennes fertiles portant le projet de nouvelle évangélisation de la capitale gabonaise, dans une perspective d'altermondialisation.

L'Église n'existe pas en dehors du monde. Et la vie ecclésiale se passe sur la terre. L'Église ne devrait pas vouloir sauver l'homme comme si la terre n'existait pas. Ce qui a trait au sol, à la terre et à la nature et à l'environnement devrait faire objet de préoccupation pour susciter un mode d'existence qui promeut la vie et la préservation de la création45.

L'environnement urbain garantit les fondements matériels et socioculturels de la vie. Elle est l'espace où le Logos (Verbe de Dieu) structure, organise et féconde l'oikos, c'est-à-dire, l'habitat dans son ensemble et dans toutes ses dimensions politique, économique, sociale, psychologique et environnementale46. Le concept de vie devient le lieu épistémologique à partir duquel se saisit le concept de Dieu, s'explique la foi en Jésus-Christ et de la mission d'Église, mais aussi le sens de l'économie, de la politique, le devenir des sociétés et de l'être humain47.

Dans une ville (Libreville) où l'environnement au figuré et au propre incarne la mort à travers la pollution de l'air et de l'eau, de la terre, la pauvreté, et les catastrophes naturelles, la protection de l'environnement devrait devenir un lieu de la rencontre de Dieu avec l'homme. L'Église de Libreville devrait assumer l'intuition de la vie et trouver un langage qui prédispose les chrétien évangélique de Libreville au choix de la vie, à partir des bases culturelles, pour que l'homme, être-vie, puisse donner une réponse positive à l'appel de celui qui est Vie, Jésus-Christ (Cf. Jn 14, 6), venu dans le monde pour que les hommes aient la vie en abondance (Cf. Jn 10, 10).

Les églises de Libreville doivent rejoindre cette nouvelle Afrique qui s'invente dans les milieux où se dessine une nouvelle figure de l'humanité. Elle doit al- ler partout où la vie est menacée et détruite, le politique, l'économique, le social, le culturel, l'éthique. Dans cet ordre d'idées, l'écologie ou la protection de l'environnement urbain est un lieu de la redécouverte de l'Évangile pour penser la vie selon les axes capables de promouvoir des conditions de la vie bonne pour tous. Pour ce faire, la cosmovision africaine devrait être inscrite dans le plan de la rédemption opérée par Jésus-Christ et devenir un champ ou domaine de l'évangélisation et de l'inculturation de l'Évangile, dont l'intelligence doit être reprise au quotidien de ceux qui ont accueilli Jésus-Christ. Il faut «une redécouverte du Seigneur de la Vie s'impose donc dans les lieux de destruction du milieu naturel. Dans ces lieux, doit être annoncé l'Évangile de Celui, qui par sa mort, est venu délivrer ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d'esclaves» (Hb 2, 15)»48.

Promouvoir la vie revient à penser le bien-être de l'homme en améliorant les conditions de vie dans le respect du milieu naturel qui le porte. Il s'agit d'abord de la vie d'ici-bas, dans une solidarité agissante et qui refuse toute hypothèque de la vie présente et celle des générations futures, de la terre et de toute la biosphère. Il n'est pas seulement question de se laisser saisir par le charme de multiples expériences humaines d'une vie liée à la nature, mais aussi de l'exigence d'une vie de qualité. La vie pour la vie doit céder à une vie de qualité. La vie de qualité suppose la satisfaction des besoins élémentaires (logement, nourriture, travail, loisirs, formation, etc.) et socioculturels et sociétaux en pensant aux générations futures. C'est une vie qui se manifeste par le bien-être dont au sens existentiel et non seulement matériel. Il importe de différencier la vie digne et de bonne qualité de la course à un niveau de vie extrêmement élevé49. Cela étant, au-delà des enjeux symboliques inhérents à la crise de l'eau et de l'arbre, il faut relever les catastrophes écologiques qui touchent à l'air, l'eau et la terre, à l'arbre, bref, à la nature. Et la protection de l'environnement urbain devrait devenir une affaire de tous, hommes, institutions, gouvernements et Églises.

 

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1 Calixte Mbakere <mbakerecalixte@yahoo.fr>
2 Kotto J., 1960, « L'Église évangélique du Cameroun et l'Union des Églises Baptistes du Cameroun », Exposé à l'assemblée générale de la Mission de Paris, 3-4 décembre, dans Kotto J. (e.a.), Voie nouvelle, Paris, Présence de la mission, p.21-22.
3 Protasius, L'Eglise chrétienne contemporaine face aux développements de l'Afrique, Paris, Harmattan, 2019
4 Thierry Paquot, Théologie chrétienne et urbanisation, les annales de la recherche urbaine, 2004/ généré le 23/04/2018, pp. 6-16
5 Hannes Wiher dans «Afrique d'aujourd'hui et les Églises: Quels défis?», Angleterre, Langham Publishing, 2017
6 Gabon biodiversité [s.d]. Récupéré le 2 Mars 2020 de http://legabonbiodivisersite.com
7 Gabon vert.[s.d]. Le Gabon berceau de la biodiversité. Récupéré le 2 Mars 2020 de http://www.Gabon-vert.com/les parcs-nationaux/la-biodiversité.
8 (http://www.expert-comptable international.info)
9 Banque Mondiale (2012), niveau de revenu: revenu intermédiaire, tranche supérieure. Récupéré le 2 Mars 2020 de http://données.banquemondiales.org/pays/gabon http://données.banquemondi-ale.org/pays/gabon
10 Perspective monde (2015). Taux de mortalité. Récupéré le 5Mars 2020 de http://perspective.us-herbrooke.ca/bilan/serv1et/BMTendanceStatPays?codeTheme=1&codeStat=SP.DYN.IMRT.IN&codePays =CAN&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=1&codeStat2=SP.DYN.IMR T.IN&codePays2=GAB&optionsDetPeriodes=avecNomP
11 Edou, M. et Mombo, J.B. (2005). La gestion des déchets solides urbains au Gabon. Geo-eco-trop, 29, 89-100. Récupéré le 2 Mars 2020 de: http://www.geoecotrop.be/uploads/publications/pub291499084.pdf
12 Union des conseils économiques et sociaux et institutions similaires des États et gouvernements membres de la francophonie. (2015). Les pays en développement publient leur contribution nationa-le - La surprise du Gabon. Récupéré le 2 Mars 202 de http://ucesif.org/ucesif/cop-21-les-pays-en-developpement-publient-leurcontribution-nationale-la-surprise-du-gabon/
13 Allogho Nkoghe, oc,cit, p.75
14 Moumba, A, op, cit, p.150
15 Moumba, A, op, cit, p.151
16 Infos Gabon. Averda au Gabon : Une transformation du paysage de l'Afrique centrale. Récupéré le 7 Mars 2020 de http://fr.infosgabon.corn/averda-au-gabon-unetransformation-du-paysage-de-lafrique-centrale/
17 Gabon Média Time. (20 16). Traitement de déchets : la décharge publique de Mindoubé toujours ouverte. Récupéré le 7 Mars 2020 de https://www.gabonmediatime.com/traitement-de-dechets-la-decharge-publique-demindoube-toujours-ouverte/ .
18 Time Gabon. (2015). Enfin un bol d'air pur avec Averda! Récupéré le 7 Mars 2020 de http://times-gabon.com/enfin-un-bol-dair-pur-avec-averdal
19 Allogho Nkoghe, F. Libreville, la ville et sa région, 50 ans près Guy Lasserre. Edition Connaissance et Savoir (2013). Récupéré le 2 Mars 2020 de http://books.ca
20 Selon Le Petit Larousse illustré 2017, l'exode rural est « la migration définitive des habitants des campagnes vers les villes ». Au Gabon, le taux d'urbanisation est estimé à 86,2% en 2011. Il est parmi les plus élevés de l'Afrique subsaharienne (population data 2011)
21 Moumba, A. La difficile mutation du modèle de gouvernement des villes au Gabon : analyse à partir de la gestion des déchets à Libreville. Annales de géographie 2/2011 (n°678), 157-173. http://dx.doi.org/10.3917/ag.678.0157
22 Population data (2016). Gabon. Récupéré le 5 mars de http://www.populationdata.net/pays/gabon/
23 M. CHEZA / H. DERROITTE / R. LUNEAU, Les Évêques d'Afrique parlent 1969-1992. Documents pour le synode africain, Paris 1992.
24 Cf. J-M. ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, p.121-122
25 M. CHEZA, Synode africain. Histoire et textes, p.64.
26 M. CHEZA, Synode africain. Histoire et textes, p.80-81.
27 M. CHEZA, Le synode africain. Histoire et texte, p.206.
28 Ce qualificatif renvoi à tous les explorateurs qui ont touchés nos côtes. Ainsi, les cotes gabonaises ont été successivement visitées d'abord par les portugais, puis vint les hollandais et les anglais et enfin les Français.
29 R-M NGUEMA, 2008, «Politique publique et macrocéphalie urbaine en Afrique Centrale: essai de géopolitique du territoire métropolitain de Libreville», in Enjeux- N°34-35, pp.33-39
30 idem
31 Dieudonné MADEBE, Libreville, la ville et ses problèmes environnementaux, Libreville, revue de géographie, , juillet 2007, 2ème année,p.100
32 Haentjens et Lemoine, op. cit., p. 20
33 T héodore Nzamba Diba Pombo, Enjeux de la dégradation de l'environnement en Afrique Crise écologique et conception négro-africaine de la vie Approches éthique et théologique, thèse doctorale, faculté de théologie catholique de Würzburg, Décembre 2013, p.17
34 Théodore Nzamba Diba Pombo, op.cit., p.31
35 Théodore Nzamba Diba Pombo, op.cit., p.32
36 Cf. Henri-Charles Puech, Sur le manichéisme et autres essais, Paris, Flammarion, 1979, p. 64.
37 Henri-Charles Puech, En quête de la gnose En quête de la gnose I, La gnose et le temps et autres essais, Paris, Gallimard, 1978, p. 207
38 Cf. P. ROUX, Pour découvrir la pensée de l'Église, in: M. STRENGER (Éditeur), Planète Vie, Planète. Mort. L'heure des choix, p.169-176.
39 8 Cf. O. LANDRON, Le catholicisme vert. Histoire des relations entre l'Église et la nature au XXe siècle,p.65-74
40 9 Cf. J-M. AUBERT, Un nouveau champ éthique: L'écologie, in: Revue des sciences religieuses, n°3 (1982), p.214.
41 Cf. M. KEHL, Und Gott sah, dass es gut war. Eine Theologie der Schöpfung , 340-341
42 7 J-M. AUBERT, Un nouveau champ éthique: L'écologie, in: Revue des sciences religieuses, n°3 (1982), p.214.
43 4 Cf. Compendium de la doctrine sociale de l'Église, n°665.
44 5 Cf. J-M. PELT, Conflits et solidarités dans la nature et la société, in : Environnement, création et éthique. Le Supplément 169 (1989), p.25
45 Cf. J-M. ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, p.117-118.
46 Cf. J-B. KENMOGNE / KÄ MANA, Pour la vie en abondance, p.183.
47 Cf. P. POUCOUTA, La théologie africaine au défie de l'écologie, in: Ecologie et Théologie africaine, Revue de théologie Africaine 28 (2004), n°56, p.185
48 J-M. ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, p.126.
49 Cf. J-M. ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, p.130.

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