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Tydskrif vir Letterkunde

versão On-line ISSN 2309-9070
versão impressa ISSN 0041-476X

Tydskr. letterkd. vol.53 no.1 Pretoria  2016

http://dx.doi.org/10.4314/tvl.v.53i1.14 

RESEARCH ARTICLES

 

Les traductions néerlandaises des romans francophones camerounais

 

The Dutch translations of francophone Cameroon novels

 

 

Katrien Lievois

Est chargée de cours en langue française et littérature francophone au Département de Traduction et Interprétation de l'Université d'Anvers (Belgique), où elle est également membre du groupe de recherche Translation, Interpreting and Intercultural Studies (TriCs). Email: katrien.lievois@uantwerpen.be

 

 


ABSTRACT

In the corpus of African francophone novels that have been translated into Dutch, some 50 titles in all, the contribution of Cameroon authors is considerable. Between 1960 and 2009, nine novels by five Cameroon writers were published in Dutch. This essay to analyses these translations using the methodology of Descriptive Translation Studies (Toury) and the sociology of translation (Heilbron and Sapiro Bilan). It examines how the Cameroon novels have been integrated into the Dutch literary system, what their position is, and most of all, to what extent the paratexts of the translated novels reflect this position. The detailed analysis of the reception of the Cameroon novels within the Dutch literary system reveals that there is a marked evolution in the way in which the publications have been selected and presented to the public. First, the classics of (post)colonial literature were translated, novels dealing with the (difficult) relations between the black colonised person and the white coloniser. At a later stage, the female perspective on contemporary challenges facing Africa becomes the sole focus of the novels in the corpus. What is less straightforward to define clearly, is the place of Dutch within the larger translation trends reflecting the international visibility of the novels. All the same, it seems safe to say that English, the most dominant global language, has not played a significant role in determining the translation history of any of the novels or authors under consideration. None of the novels in the corpus was first translated into English. In fact, the languages with a central position (Heilbron and Sapiro), German and Russian before 1989, appear to have been more influential. Three of the five authors were first published in a central language: Oyono and Beyala were translated into German, whereas Beti was translated into Russian. By contrast, two authors were first translated into a (semi-)peripheral language: Werewere into Dutch and Miano into Spanish. What appears to be important for the Dutch translations is that certain agents and promotors of translation played a crucial role in this. From that perspective, Magrit de Sablonière, who translated the first two African francophone novels, certainly merits special attention, as do two book collections devoted to europhone African literature, De Derde Spreker-Serie and Afrikaanse Bibliotheek, as well as the people behind them, Sjef Theunis and Jan Kees van der Werk.

Keywords: Cameroon literature, Dutch translation, literary agents, sociology of translation


 

 

Introduction

Dans le corpus des quelque 50 romans francophones africains traduits en néerlandais, la part des auteurs camerounais n'est pas négligeable. Entre 1960 et 2009, 9 romans de 5 écrivains camerounais ont paru en néerlandais. Ma contribution vise à analyser ces traductions suivant la méthodologie des descriptive translation studies (Toury) et de la sociologie de la traduction (Heilbron et Sapiro Bilan). Mon but n'est donc pas de faire une comparaison entre les différents textes sources et textes cibles de ce corpus, mais plutôt d'étudier comment ces romans camerounais se sont intégrés dans le champ littéraire néerlandais, quelle place ils y occupent et surtout dans quelle mesure le paratexte des romans traduits reflète ce positionnement.

Les traductions peuvent effectivement être étudiées dans le cadre de la culture cible et nous donner une meilleure idée de la façon dont cette culture cible perçoit les textes sources ainsi que leurs auteurs. Comme l'a affirmé Toury, "translations [can] be regarded as facts of the culture which hosts them, with the concomitant assumption that whatever their function and identity, these are determined within that same culture and reflect its own constellation." (24)

Pour mieux cerner la réception du roman camerounais dans le domaine linguistique néerlandais, il est utile de faire une analyse détaillée des éléments paratextuels de ces traductions, dont les premières et les quatrièmes de couvertures, les notes en bas de page, les préfaces et les postfaces. L'on verra ainsi l'importance de certains agents et acteurs de la traduction-traducteurs, éditeurs et directeurs de collections-qui ont indéniablement joué un rôle de médiateurs interculturels dans ce contexte.

Il s'agira également d'analyser quelle a pu être l'importance des traductions néerlandaises sur le plan de la canonisation des cinq auteurs camerounais étudiés. Pour ce faire, j'examinerai les dates de publication des traductions de ces romans vers différentes langues centrales et périphériques. Afin de montrer combien la traduction accentue les rapports de force-inégaux-entre différentes langues et cultures, des chercheurs comme Heilbron, Sapiro et Casanova ont mis en évidence une claire hiérarchisation des différents groupes linguistiques en affirmant que plus un groupe linguistique est central, plus sa part dans le nombre total de titres traduits est grande (extraduction), mais moins il traduira d'autres littératures (intraduction) et que les transferts culturels par les traductions se feraient donc avant tout depuis les littératures centrales vers les littératures périphériques. A partir d'analyses quantitatives, appuyées sur l'Index Translationum, Heilbron et Sapiro ont décrit un système mondial de la traduction selon plusieurs niveaux. Le noyau de ce système est formé par l'anglais, la langue hyper-centrale à partir de laquelle sont faites plus de la moitié des traductions mondiales. Le français et l'allemand, qui se partagent entre 10 et 12% du marché global de la traduction, ainsi que le russe avant 1989, occupent un deuxième cercle, celui des langues centrales. Les langues semi-périphériques, dont l'espagnol, l'italien, le suédois, se partagent entre 1 et 3% de ce marché. Quelque 200 autres langues sont considérées comme périphériques dans ce système ("Outline" 95-6). Dans mon analyse, je ne ferai pas de distinction absolue entre les langues semi-périphériques et périphériques. Heilbron affirme en effet : "Contrary to the distinctions between hyper-central, central and semi-peripheral which are relatively clear-cut, the dividing line between semi-peripheral and peripheral languages is fuzzy. One might say provisionally and for analytical purposes that all languages with a share of less than one percent of the world market occupy a peripheral position in the international translation system." (434)

Dans leur définition des littératures et des langues (hyper)-centrales, les deux chercheurs insistent également sur le fait que fréquemment, on ne traduit vers une langue (semi-) périphérique que lorsqu'il existe déjà des traductions dans une langue centrale. Ils affirment ainsi : "Plus une langue est centrale, plus elle a la capacité de fonctionner comme langue intermédiaire ou véhiculaire. La traduction anglaise ou française d'un ouvrage norvégien ou coréen est aussitôt annoncée par son éditeur, qui sait que la traduction dans une langue centrale sera immédiatement suivie d'une vague plus ou moins grande de traductions dans d'autres langues." (Heilbron et Sapiro Bilan 3-4) Les analyses proposées dans le cadre de la sociologie de la traduction partent presque toujours de l'hypothèse de la relation biunivoque entre langues, littératures et pays. Sauf quelques exceptions, les langues transnationales, les pays multiculturels et les littératures postcoloniales ne sont pas pris en compte. La littérature francophone africaine, même si elle est écrite dans une langue centrale, est à ce jour toujours largement considérée comme périphérique. La langue cible de mon corpus, le néerlandais, classée parmi les langues périphériques, est utilisée aussi bien dans le nord de la Belgique qu'aux Pays-Bas, deux territoires qui ont développé chacun son système littéraire. À partir du corpus, relativement restreint, mais cohérent et pertinent pour la question de recherche qui m'intéresse, des traductions néerlandaises de romans camerounais écrits en français, il s'agira donc d'évaluer et de nuancer ce qui est considéré comme une sorte d'axiome au sein de la sociologie de la traduction: la priorité des traductions vers les langues hyper-centrale ou centrales.

 

Le tout début

Le premier roman camerounais traduit en néerlandais est Le vieux nègre et la médaille de Ferdinand Oyono (Vieux nègre). Cette traduction (Oude neger) a été publiée à peine 4 ans après la publication de l'original et a été faite par Margrit de Sablonière (pseudonyme de Margaretha Catharina Stigter, 1905-79). Cette Néerlandaise s'est efforcée, de diverses manières, de mieux faire connaître l'histoire et la culture des Africains et des Noirs américains. Elle a non seulement écrit un livre sur l'Afrique du Sud, intitulé Apartheid (1960), mais elle a surtout traduit de nombreux auteurs noirs. Pour ce qui est des auteurs africains-américains, il convient de citer Martin Luther King et surtout Richard Wright, avec qui elle avait des liens d'amitié et qui a entretenu une correspondance avec elle. Quant au domaine francophone, il faut souligner qu'elle a fait les deux toutes premières traductions néerlandaises de romans francophones africains : L'enfant noir de Camara Laye en 1956 (3 ans après la publication de l'original) et en 1960 donc Le vieux nègre et la médaille de Ferdinand Oyono.

Le paratexte de la traduction du Vieux nègre reste somme toute très sobre : seule une quatrième de couverture présentant assez sommairement l'auteur et la thématique du roman. Ce sont les relations entre Noirs et Blancs qui sont mises en avant : "Les Blancs qui veulent faire ami-ami avec les Noirs font malgré tout pâle figure" (ma traduction). C'est cependant dans la préface à son autre traduction, celle de L'enfant noir, que Magrit de Sablonière annonce le cadre dans lequel il convient de situer la toute récente littérature francophone africaine. Elle insiste sur l'importance de ce texte d'un Noir africain pour connaître son histoire et sa spécificité, en les comparant à celles des Noirs américains. La traductrice termine en exprimant l'espoir que "ce livre puisse contribuer à une meilleure compréhension, dans un cadre international, des races nègres" (Laye 8).

L'importance de Magrit de Sablonière se confirme quand on sait en outre qu'avant 1970, seules 4 traductions néerlandaises de romans africains verront le jour.1 L'on note également que le néerlandais est apparu très tôt dans le flux de traductions du Vieux nègre et la médaille. La première langue dans laquelle le roman est traduit, très vite, en 1957, un an à peine après la publication de l'original, est l'allemand (Oyono, Alte Neger), mais la version néerlandaise voit le jour en 1960 déjà. Dans le cas du Vieux nègre, on constate donc que la première traduction publiée se fait dans une langue centrale, l'allemand et qu'elle est suivie assez vite par une traduction vers une langue périphérique, le néerlandais. La traduction vers l'anglais, la langue hyper-centrale, ne se fera qu'en 1967, 10 ans après la publication de l'original (Oyono, Old man). Après cette traduction en néerlandais, il faudra cependant attendre environ 20 ans avant que soient traduits d'autres romans camerounais.

 

La période des classiques

Au début des années '80, on constate que le domaine néerlandophone s'intéresse à nouveau aux auteurs camerounais: Une vie de boy d'Oyono est traduit en 1980 (Huisjongen), Le pauvre Christ de Bomba de Mongo Beti en 1981 et en 1982, Le vieux nègre et la médaille est réédité (Oude man). L'on remarquera cependant que dans deux cas-Beti et Oyono-ces textes sont édités par la même maison d'édition et dans la même collection.

En 1975, deux organisations non gouvernementales d'aide au développement, une néerlandaise-NOVIB-et une belge-NCOS-, décident en effet de lancer une collection littéraire consacrée au Tiers Monde dont le but explicite est de déclencher auprès des lecteurs néerlandophones une prise de conscience concernant les problèmes politiques, économiques et sociaux des pays en voie de développement. Dans sa préface au premier roman édité 2 et qui sera reprise dans de très nombreuses traductions, Sjef Theunis explique la signification du nom de la collection, De Derde Spreker ("Le Troisième Locuteur") en affirmant : "Nous avons beaucoup parlé d'eux, mais nous ne leur avons jamais laissé la parole". Il souligne que la lecture de "romans et d'histoires du Tiers Monde constitue une rencontre avec les autres, avec leurs problèmes et leur société. [...] De nombreuses problématiques sont présentées de façon tout à fait lisible. [.] Non pas des exposés abstraits, mais simplement de bonnes histoires" (ma traduction). Les œuvres publiées sont clairement situées dans un cadre tiers-mondiste et leur valeur littéraire est malgré tout quelque peu reléguée à l'arrière-plan (Hoogteijling 54-6). La collection est bien reconnaissable à son logo constitué d'un cercle divisé en trois (cf. figure) qui figure la division du monde en trois grands blocs.

 

 

Or, c'est cette collection qui s'attellera en 1982 à la traduction revue du Vieux Nègre et la médaille. La première, de Magrit de Sablonière, est prise comme base de cette nouvelle version-son nom est explicitement mentionné', mais le texte a été légèrement modifié, vraisemblablement par les deux autres traductrices nommées, Marjolein Jacobs et Jolijn Tevel. La modification la plus visible concerne le titre : le "vieux nègre" dans le titre de l'édition de 1960 devient un "vieil homme" en 1980. Ce nouveau titre est peut-être un calque du Vieil homme et la mer de Hemingway. Il annonce évidemment aussi l'excipit du roman, "Je ne suis plus qu'un vieil homme" (Oyono Vieux nègre 187). Mais ce n'est sans doute pas pour des raisons d'intertextualité externe ou interne que ce changement a été introduit. L'attitude respectueuse envers l'Autre que la collection De Derde Spreker disait ouvertement prendre pour principe interdisait une trop grande fidélité au titre du texte source. Il est d'ailleurs tout à fait probable que le changement du titre néerlandais s'explique aussi par ce qui avait été fait avant dans les autres traductions. Ainsi, la première édition du texte anglais porte déjà en 1967 comme titre The old man and the medal. Et la modification opérée pour le néerlandais entre 1960 et 1980 avait été appliquée en 1972 pour la traduction allemande: là où l'édition de 1957 a pour titre Der alte Neger und die Medaille, la deuxième s'intitule Der alte Mann und die Medaille.

Le paratexte des textes publiés par la collection de Derde Spreker est avant tout didactique et en souligne la valeur documentaire: il importe que le lecteur place correctement le roman dans le contexte sociopolitique d'origine. Ainsi le titre original de chaque roman est complété par un sous-titre qui en explicite l'origine: dans le cas d'Oyono et de Beti, on lira donc un "Roman du Cameroun". Les présentations des auteurs sur la quatrième de couverture mentionnent assez précisément leur origine: Oyono, "né [.] dans le sud du Cameroun" et Mongo Béti, "né [.] dans un village dans les environs de Yaoundé (Cameroun)". Des préfaces expliquent l'importance des textes et en orientent la lecture en annonçant les thématiques les plus importantes. Du Vieux Nègre, il est dit que "le lecteur apprend beaucoup sur les habitudes et façons de penser traditionnelles dans les villages ouest-africains. Cette histoire livre toutes ces informations avec beaucoup d'humour" (Oyono, Oude neger 5; ma traduction).

L'intérêt du Pauvre Christ de Bomba réside, selon la préface, dans le fait que "[c]e roman constitue un document rare concernant la vie des villageois africains noirs, les missionnaires catholiques blancs et les fonctionnaires coloniaux" (Beti 5; ma traduction). Le roman d'Oyono comporte également deux cartes géographiques- une carte de l'Afrique sur laquelle est situé le Cameroun, ainsi qu'une carte du Cameroun qui visualise les villes et les routes camerounaises les plus importantes. Elles permettent au lecteur de mieux localiser les événements racontés.

Le caractère didactique du paratexte se vérifie aussi pour le troisième roman traduit pendant cette période. Dans la traduction néerlandaise d´´une vie de boy,3plusieurs interventions éditoriales tendent à faciliter la lecture du texte. Ainsi, un petit glossaire de 17 mots a été ajouté à la fin de la traduction. Les termes expliqués ne portent pas spécifiquement sur des éléments culturels africains: 5 explications concernent des concepts ou expressions relevant de la religion chrétienne (catéchiste, dominus vobiscum, hostie, ita missa est et patène). Ces ajouts s'expliquent sans doute aussi par le fait que le roman en néerlandais s'adresse clairement à un public de jeunes.4 Il est d'ailleurs classé dans le catalogue de la Bibliothèque Nationale des Pays-Bas auprès des livres de jeunesse. Après le premier chapitre du livre, qui présente le récit-cadre à la plus grande partie du roman, le journal de Toundi, et qui ne se situe pas au Cameroun, mais en Guinée espagnole, la traduction néerlandaise donne une carte géographique de quelques pays africains centraux, dont le Cameroun, le Nigeria, le Gabon et la Guinée équatoriale. Cet ajout permet aux jeunes lecteurs d'Une vie de boy de mieux visualiser la topographie du roman.

S'il existe donc réellement une volonté dans le monde éditorial néerlandophone des années '80 de faire connaître la littérature francophone africaine, il est à remarquer que ces deux traductions voient le jour assez tard, si on les considère plus largement dans le flux traductionnel de ces romans devenus des classiques. Le néerlandais avait été parmi les premières langues dans lesquelles avait été traduit Le vieux nègre, mais tel n'est plus du tout le cas pour Une vie de boy et Le pauvre Christ de Bomba.

Il a fallu attendre quelque 24 ans avant qu'Une vie de boy, qui est sans doute le texte francophone africain traduit dans le plus de langues, le soit en néerlandais. Une fois encore, c'est l'allemand, une langue centrale, qui s'y est intéressé en premier (1958-2 ans après la publication de l'original). Suivront alors d'abord 2 langues (semi-) périphériques (le norvégien en 1960 et le danois en 1965) et une langue centrale (le russe5 en 1964) avant que la traduction en anglais soit publiée en 1966. Pour Une vie de boy également, ce n'est donc pas la traduction dans la langue hyper-centrale qui a précédé les autres, même si elle a été suivie par de nombreuses autres traductions en langues (semi-)périphériques.6 Dans l'achevé d'imprimer de la traduction néerlandaise, on mentionne explicitement que le roman avait déjà été traduit en anglais.

Pour Le pauvre Christ de Bomba, la situation se présente assez différemment. Pendant les années '60, ce sont avant tout les pays situés à l'est du Rideau de fer qui le traduiront (en 1961 le russe, en 1963 le lituanien et en 1964 le tchèque). A l'exception de ces cas, il n'y a que le danois qui précède (1966); la traduction anglaise datant de 1971. Celle-ci sera suivie de plusieurs traductions vers des langues (sémi-)périphériques : le polonais (1974), le portugais (1979), le norvégien (1979), le néerlandais (1980) et le slovène (1984). Fait remarquable : la traduction allemande ne voit le jour que 24 ans après l'original.

Globalement, on constate donc que les premières traductions de ces deux romans ont été faites vers des langues centrales et non pas vers l'anglais, la langue hypercentrale. Il apparaît également que le néerlandais a perdu son statut de langue périphérique pionnière pour ce qui est des romans camerounais. Nous verrons cependant que cette situation évoluera à nouveau pendant les années '90.

 

Le règne des auteurs femmes

Quand on analyse les traductions néerlandaises des romans camerounais, on peut distinguer deux grandes périodes. La première va de 1960 à 1983 : pendant ces années sont traduits les auteurs masculins que l'on compte parmi les classiques de la littérature francophone de la protestation anticoloniale. Pendant une deuxième période-allant de 1991 à 2009-l'on traduira seulement des écrivains femmes et, plutôt que la thématique postcoloniale, c'est avant tout l'orientation féministe qui sera mise en avant.

On pourrait considérer que cette évolution ne fait que suivre celle que l'on constate dans la littérature francophone africaine elle-même. A partir des années '80, on y voit apparaître en effet la prose féminine et féministe. Dans un cadre africain plus large, le roman Une si longue lettre (1979) de Mariama Bâ est bien souvent pointé comme la première manifestation de ce nouveau courant. Pour ce qui est de la littérature camerounaise, c'est plutôt Calixthe Beyala (dont le premier roman est C'est le soleil qui m'a brûlée, 1987) que l'on nomme le plus souvent quand on parle de la naissance de l'écriture féminine africaine. Il n'est donc pas illogique que ces écrivaines fassent également partie des auteurs traduits à partir des années '90. Ce qui est plus étonnant cependant, c'est qu'à partir de 1991 il n'y ait que des auteurs féminins camerounais qui soient traduits en néerlandais.

Le cas de Werewere Liking est particulièrement intéressant. Tout d'abord, il s'agit du seul auteur camerounais à avoir une traductrice attitrée dans le domaine néerlandophone: Marianne Gossije. Cette constatation est d'autant plus intéressante quand on voit que les autres romans camerounais ont chaque fois été traduits par des personnes différentes. En deuxième lieu, il est à remarquer qu'il s'agit (contrairement à Beyala et Miona) d'un auteur qui a en fin de compte été traduit vers très peu de langues. Les trois romans traduits en néerlandais-Elle sera de jaspe et de corail, Lamour-cent-vies et La mémoire amputée-l'ont également été en anglais-aussi par une seule traductrice, d'origine néerlandaise, Marjolijn De Jager-mais en aucune autre langue. Troisièmement, il faut souligner que la traduction néerlandaise d'Elle sera de jaspe et de corail date de 1991 et précède donc de près de dix ans sa traduction anglaise (2000). Elle fait d'ailleurs partie d'une des collections les plus importantes pour la littérature africaine dans le domaine néerlandophone : Afrikaanse bibliotheek ("La bibliothèque africaine").

Il y avait depuis les années '70 trois maisons d'édition qui s'intéressaient spécifiquement à la littérature postcoloniale. Constatant très vite qu'il valait mieux s'entendre que s'affronter sur un terrain en fin de compte relativement limité, elles ont convenu de choisir chacune un champ spécifique. Ainsi, Corrie Zelen a décidé de publier la littérature africaine, Flamboyant la littérature des Caraïbes et In de Knipscheer les littératures du Suriname, afro-américaine et amérindienne (Kuitert). Corrie Zelen avait créé la collection spécialisée Afrikaanse Bibliotheek dirigée par Jan Kees van de Werk et qui avait publié des auteurs africains aussi bien francophones qu'anglophones, comme Ngūgī wa Thiong'o, Chinua Achebe, Camara Laye, Pierre Makombo Bamboté, Alioum Fantouré et Mariama Bâ. Quand la maison d'édition a cessé ses activités en 1984, In de Knipscheer a repris la Afrikaanse Bibliotheek. Durant les années '80, ils publieront, toujours sous la direction de van de Werk, entre autres Wole Soyinka, Amos Tutuola, Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi et Ousmane Sembène. Cette collection en général et son responsable en particulier ont joué un rôle-clé dans l'introduction de la littérature africaine dans le domaine néerlandophone : ils ont publié 15 des quelque 50 romans francophones africains traduits en néerlandais. Contrairement à De Derde spreker-Serie, qui a publié une dizaine de romans africains francophones, la Afrikaanse Bibliotheek se profilait avant tout comme une collection véritablement littéraire. L'importance artistique des romans est soulignée et expliquée dans les postfaces de van de Werk dont certaines incluent des interviews avec les auteurs.

La postface de 17 pages d'Elle sera de jaspe et de corail propose une analyse littéraire et thématique de l'œuvre de Werewere Liking et insiste avant tout sur sa spécificité à l'intérieur du champ littéraire qui nous intéresse, même si son œuvre est comparée à des formes artistiques traditionnelles africaines et à celle de Sony Labou Tansi. L'interview avec l'écrivaine est tout sauf anecdotique et s'intéresse aux liens qui unissent la langue, l'art, l'esprit critique, les rituels et la philosophie. Werewere Liking est louée comme une artiste polyvalente et la couverture du livre nous montre un de ses dessins. Selon les habitudes de la Afrikaanse Bibliotheek, le paratexte de ce premier roman traduit se veut précis: l'on y trouve immédiatement la nationalité camerounaise de l'auteure ainsi qu'une carte de l'Afrique indiquant le Cameroun en noir.

La Afrikaanse Bibliotheek est en effet très importante dans la mesure où elle a publié de nombreuses traductions d'auteurs francophones africains ainsi que celle du premier roman de Werewere Liking. Les deux romans suivants ne seront toutefois plus publiés dans cette collection. Dans l'achevé d'imprimer de la traduction de Lamour-cent-vies, aussi bien la Afrikaanse Bibliotheek que Jan Kees van de Werk sont explicitement remerciés. Les deux traductions suivantes de Werewere Liking, celles de Lamour-cent-vies (1999) et de La mémoire amputée (2009), semblent montrer que, même si l'on peut se demander quel a été le véritable succès commercial de ces romans, il y a dans le domaine néerlandophone un intérêt constant pour cette littérature relativement expérimentale. Jan Kees van de Werk et les maisons d'édition qui ont présenté et publié ces romans ont fait preuve de sûreté de goût.

Si l'on peut donc être surpris de l'importance que tient Werewere Liking dans le corpus qui nous intéresse, la relative absence de Calixthe Beyala y est tout aussi étonnante. Seuls 2 des quelque 20 romans de cette femme de lettres camerounaise populaire et controversée ont été traduits en néerlandais : Ies honneurs perdus (1996) et Maman a un amant (2000). Ce choix et ce timing sont d'ailleurs surprenants à plus d'un titre. Par comparaison avec les autres langues, il y a très peu de romans traduits en néerlandais, quand on sait qu'il y en a 6 en italien, 5 en allemand, 3 en anglais et 2 en espagnol et suédois. La première traduction de Beyala a été faite en allemand (C'est le soleil qui ma brûlée, 1989). Les traductions anglaise et allemande du Petit Prince de Belleville ne verront le jour qu'en 1995. On voit qu'une fois de plus c'est une langue centrale, l'allemand, qui a déclenché le flux traductionnel. La première traduction néerlandaise date de 1996, mais elle initie le flux traductionnel des Honneurs perdus. L'allemand suivra en 1998, l'italien en 2003 et le suédois7 en 2004. Maman a un amant est en fait une suite au Petit Prince de Belleville, qui avait été traduit en 1995 en allemand et en anglais. Il n'est pas facile de comprendre pourquoi cette suite a été traduite en néerlandais (et dans aucune autre langue étrangère), mais non le Petit Prince. Il ne semble donc pas que ces traductions obéissent à une logique éditoriale ou littéraire très claire.

Le dernier roman dans notre corpus est A l'intérieur de la nuit (2005) de Léonora Miano (Nacht). Cette femme auteur camerounaise, installée en France depuis 1991, est une des nouvelles voix africaines qui commencent également à être entendues en dehors du domaine francophone. Son premier roman avait été extrêmement bien reçu par la presse française, le deuxième-Contours du jour qui vient-a obtenu en 2006 le prix Goncourt des lycéens et en 2013 elle a remporté le Prix Femina pour La Saison de l'ombre. A l'intérieur de la nuit a très vite été traduit : en espagnol (2006), en suédois et italien (2007), en néerlandais (2008) et en anglais (2010). Ce sont donc d'abord des langues (semi-)périphériques qui se sont intéressées à Miano avant qu'elle soit traduite dans la langue hyper-centrale. Ce qu'il convient de souligner avant tout c'est qu'elle n'est pas (encore) traduite en allemand, ce qui fait d'elle-avec Werewere Liking-l'un des deux auteurs camerounais dans ce cas.

Si le domaine néerlandophone s'intéresse donc encore à la littérature camerounaise les 25 dernières années, il en fait une sélection tout à fait particulière. En premier lieu, c'est exclusivement l'écriture féminine qui est proposée. Et même si le paratexte n'insiste pas uniquement sur la question féministe, les illustrations reprennent très souvent des photos de (belles) femmes noires. La maison d'édition qui a publié Miano même l'année de sa création, Artemis & co, était par ailleurs spécialisée dans la littérature écrite par des auteurs féminins. En deuxième lieu, il faut souligner que les auteurs publiés ne vivent actuellement plus au Cameroun. Beyala et Miano se sont installées en France respectivement à 17 et à 18 ans et Werewere Liking a quitté son pays pour la Côte d'Ivoire à 25 ans. Ces écrivaines ont donc commencé et développé leur carrière littéraire hors du Cameroun et à l'exception de La mémoire amputée, publié aux Nouvelles Editions Ivoiriennes, tous leurs romans ont paru dans des maisons d'édition françaises.

Globalement, c'est la diaspora africaine féminine qui trouve son chemin vers un public néerlandophone. Cet état de fait a de quoi étonner dans la mesure où certains auteurs masculins, comme Gaston-Paul Effa et Patrice Nganang, sont effectivement traduits en anglais et/ou allemand. Du premier, Tout ce bleu (1996) et (1998) existent en anglais et du second Temps de chien (2001) en allemand (2003), anglais (2006) et espagnol (2010). Ce glissement très clair de l'intérêt du domaine néerlandophone pour les romans camerounais ne se constate toutefois pas pour la littérature subsaharienne dans sa totalité. Après 1990 seront publiées les traductions d'Henri Lopes, Ousmane Sembène, Sony Labou Tansi, Emmanuel Dongala, Hampâté Amadou Bâ et Edem Awumey. Le seul auteur féminin à être traduit entre 1990 et 2010 est Fatou Diome (Sénégal). On constate aussi plus généralement que la période des collections spécialisées pour la littérature subsaharienne s'arrête vers le milieu des années '90. Elle avait commencé à la toute fin des années '70 avec De Derde Spreker-Serie et prend fin en 1994 avec Les yeux du volcan de Sony Labou Tansi. Après cela, les romans africains francophones ne sont plus repris dans des collections spécifiques. Le dernier roman camerounais publié par la Afrikaanse Bibliotheek est Elle sera de jaspe et de corail (1991).

 

Conclusion

Il convient évidemment de souligner que le corpus sur lequel je me suis basée est constitué des romans camerounais qui ont été traduits en néerlandais et non pas tous ceux qui ont été traduits en général. Il serait en effet utile d'affiner mes observations à l'aide d'études systématiques sur la réception des romans camerounais dans d'autres domaines linguistiques. En deuxième lieu, il va de soi que les constatations que j'ai faites gagneraient à être mises en perspective par des études plus détaillées des traductions mêmes. Il demeure que l'on peut, sans avoir recours à ces analyses supplémentaires, dégager déjà certaines tendances générales.

L'analyse détaillée de la réception des romans camerounais dans le domaine néerlandophone montre une claire évolution dans la façon dont sont sélectionnées et présentées ces œuvres. Dans une première période sont traduits les classiques de la littérature (post-)coloniale qui traitent des relations (difficiles) entre le colonisé noir et le colonisateur blanc. Dans un deuxième temps, on privilégie exclusivement le regard féminin sur les difficultés actuelles du continent africain. Il ne serait sans doute pas illogique d'affirmer que cette évolution dans le choix des œuvres étrangères reflète également un changement de société aux Pays-Bas.

Il est cependant moins aisé de dégager des lignes claires pour ce qui est de la place du néerlandais dans le flux des traductions plus large de ces œuvres. Globalement, on constate que la langue hyper-centrale, l'anglais, n'a joué pour aucun des romans et aucun des auteurs un rôle de déclencheur dans le flux traductionnel. Aucun des romans considérés n'a d'abord été traduit en anglais. Cet état des choses est surprenant dans le cadre d'une littérature africaine. Léonora Miano ("Foreword") formule certainement le point de vue de nombreux auteurs africains quand elle écrit : "[i]t's important for me to be translated into English, and to make my work available for the many Africans (and people of African descent as well) who actually speak English." Les langues centrales, dans notre cas le russe avant 1989 ainsi que l'allemand, nous paraissent beaucoup plus importantes dans la cadre de la problématique qui nous intéresse. Pour 3 des 5 auteurs, la première traduction publiée l'a été dans une langue centrale : l'allemand pour Oyono et Beyala, le russe pour Mongo Beti. 2 auteurs ont cependant été traduits d'abord vers une langue (semi-)périphérique : Werewere Liking en néerlandais et Miano en espagnol. Il est également intéressant de constater que 2 auteurs camerounais n'ont jamais été traduits en allemand. On voit donc que des explications un peu rapides sur un éventuel intérêt particulier du lectorat allemand pour la littérature d'une ancienne colonie allemande ne résistent pas aux faits.

Pour ce qui est spécifiquement des traductions néerlandaises, nous avons souligné l'importance de certains agents et acteurs de la traduction. Magrit de Sablonière, qui a traduit les 2 premiers romans francophones africains, mérite indéniablement que l'on s'intéresse davantage à elle. Deux collections spécifiques consacrées à la littérature africaine europhone, De Derde Spreker-Serie et Afrikaanse Bibliotheek, ainsi que leurs responsables, Sjef Theunis et Jan Kees van der Werk, ont à partir de leur propre perspective développé ou initié les traductions de certains auteurs ou romans. Nous avons également observé que l'importance de ces collections spécialisées s'est manifestée pendant une deuxième période. Il a fallu en effet-sans doute très logiquement-d'abord que certains romans subsahariens soient d'abord traduits par des maisons d'édition assez généralistes. Ce n'est qu'ensuite que De Derde Spreker-Serie et Afrikaanse Bibliotheek ont joué pleinement leur rôle. Les 20 dernières années, des traductions néerlandaises de la littérature francophone africaine, et camerounaise, voient à nouveau le jour dans des maisons d'édition à vocation plutôt générale.

 

Notes

1 Les autres romans traduits en néerlandais pendant les années soixante sont tous deux du Sénégalais Ousmane Sembene : Les bouts de bois de Dieu et Le mandat.

2 Il s'agit de Xala de Sembene Ousmane.

3 Pour une analyse d'une réception différente de cette traduction dans le contexte belge et néerlandais, on lira Dewulf.

4 Le dessin sur la couverture du livre est d'ailleurs de Thé Tjong-Khing, un des illustrateurs (de livres d'enfants) néerlandais les plus connus.

5 Au moment de ces traductions, le russe occupait encore une position de langue centrale. Heilbron ("Sociology") affirme: "The central position of Russian, for example, which is clear from the Unesco statistics for the 1980s, will undoubtedly have declined rapidly since 1989. Its predominant role in the system of international translations was based on the domination of the Soviet Union over Eastern Europe, implying obligatory and quasi-obligatory translations in nearly all fields, not merely those which were bound to the Marxist-Leninist orthodoxy. Since the fall of the Soviet empire, the use of Russian has declined sharply in Eastern Europe." (435)

6 A ce sujet, il est intéressant de constater que la traduction en swahili n'a pas été faite à partir de l'original, mais à partir de la traduction anglaise (Waliaula) et que deux de ces traductions ont été faites par des auteurs connus dans leur domaine linguistique. José Saramago était déjà un auteur lusophone consacré quand il a traduit Une vie de boy. (Pour une analyse de la traduction de Saramago, on se reportera à Ferreira) Le traducteur néerlandais, Herman Koch, a fait la traduction au début de sa carrière, mais est actuellement un des auteurs néerlandophones les plus en vue.

7 Pour une analyse de la réception et des traductions suédoises de Beyala, on lira Lindberg.

 

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